En colza, une dose de phosphore, ça rend plus fort
Le développement du colza à l’automne n’est pas uniquement lié à l’azote. La fertilisation phosphatée est trop souvent négligée, alors que le colza est une culture très exigeante en phosphore.
Le phosphore est un élément essentiel de la constitution des cellules et du fonctionnement métabolique. Le colza en a besoin très tôt d’autant plus que la culture présente une sensibilité accrue à la carence au stade cinq-sept feuilles.
À l’automne, les besoins en quantités sont faibles. Mais il est indispensable de couvrir ces derniers en apportant du phosphore facilement assimilable par la plante.
Sur les sols pauvres en phosphore et sur les sols argilo-calcaires moyennement pourvus, il est impératif de ne pas faire d’impasse pour déplafonner le potentiel de la parcelle. Il est également fortement recommandé d’apporter l’engrais phosphaté avant l’implantation plutôt qu’au printemps, pour réduire le risque de carence précoce à l’automne.
Plus généralement, il est important d’entretenir la fertilité des sols.
L’analyse de terre est un outil pertinent pour connaître la richesse du sol et piloter la fertilisation de fond selon les préconisations de la méthode Comifer. Terres inovia a décliné ces conseils sous forme simplifiée. S’il y a eu un apport au cours des deux dernières années : 100 unités P2O5 sur sol pauvre, 60 unités P2O5 sur sol bien pourvu, et rien sur sol très bien pourvu ; si l’apport est plus ancien, 150 unités P2O5 sur sol pauvre, 80 unités P2O5 sur sol bien pourvu et 30 unités P2O5 sur sol très bien pourvu.
La localisation de l’engrais à proximité de la ligne de semis est rendue possible par des équipements spécifiques sur les semoirs.
Les essais conduits par Terres inovia entre 2013 et 2015 ont mis en évidence l’intérêt de cette technique pour les semis à grands écartements. La localisation n’apporte pas de gain de rendement, mais elle permet une économie d’engrais de trente unités par rapport à la dose conseillée en plein. Terres inovia conditionne toutefois cette réduction de la fertilisation à un apport sur le rang d’au moins 30 kg P2O5/ha.
Ce seuil minimum est fixé pour éviter le risque de carence en phosphore sur la culture de colza mais également sur l’ensemble de la rotation.
Ces trente unités compensent en fait en bonne partie les exportations de la culture et évitent ainsi de nuire à la fertilité du sol à plus long terme.
Dans ces situations, la meilleure valorisation de l’engrais localisé s’explique probablement par une répartition géométrique plus avantageuse. En effet, l’exploitation des ressources du milieu n’est pas optimale avec les semis à écartement large. Le positionnement de l’engrais à proximité de la plante permet alors une meilleure captation des ions phosphore qui sont peu mobiles dans le sol.
Dans le cas de faibles écartements (semoir à céréales), quelle que soit la richesse du sol en phosphore, aucun effet significatif de la localisation n’a été observé, qu’ils soient positifs ou négatifs.
L’apport d’engrais starter peut favoriser le développement des colzas à l’automne, notamment dans les situations à très faible disponibilité en azote (sol pauvre, faible reliquat post-récolte, présence de paille abondante). Ce surplus de croissance peut être recherché notamment pour réduire la nuisibilité des ravageurs d’automne (altises, charançon du bourgeon terminal). Néanmoins, en l’absence de facteur limitant (carence en phosphore, pression insecte), l’apport d’engrais binaire ne se concrétise généralement pas par un gain de rendement.
Si un apport d’engrais NP 18-46 se justifie et si le semoir est équipé d’un localisateur, préférez un apport localisé à proximité de la ligne de semis. Les apports en localisé sont toujours plus efficaces qu’un apport en plein dans les essais Terres inovia. Dans tous les cas, veillez à respecter la réglementation en vigueur localement.
A. Baillet et L. Ruck