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Innovation
Effaroucher, épandre et désherber avec un seul et même robot

Après avoir été récompensé par l’AgreenTech Valley en 2021, le Loirétain Rémi Gaget est sur le point de finaliser son robot multitâche conçu pour effaroucher les oiseaux, épandre des trichogrammes et désherber localement.

Céréalier depuis treize ans, Rémi Gaget cultive 240 hectares répartis sur les communes d'Ascoux, Pithiviers-le-Vieil, Dadonville et Laas, dans le Loiret. Après dix ans passés dans un bureau d'études, le jeune homme s'est installé en 2010 sur la ferme familiale, l'EARL du Pressoir. « Je ne me destinais pas du tout à reprendre l'exploitation, admet-il. Mais une opportunité d'agrandissement s'est présentée, alors je me suis lancé ».

Dès son arrivée, l'agriculteur est confronté à des problématiques techniques. « À l'époque, mon père épandait des billes de trichogrammes à la main. Quand je me suis installé, entre le manque de temps et l'agrandissement de ma surface, j'ai dû me résoudre à utiliser des protections chimiques pour préserver mes parcelles de maïs. » Mais ce système ne convient pas à Rémi Gaget qui s'attachera à trouver d'autres solutions pour épandre des trichogrammes, et ainsi éviter la casse des tiges de maïs due aux ravageurs, afin de sécuriser ses rendements.

Pourquoi pas un drone ?

En 2016, après quelques recherches, Rémi Gaget découvre l'épandage par drone. « Mon côté geek a parlé, s'amuse-t-il. J'en ai donc acheté un pour tester ». L'agriculteur se tourne alors vers un drone d'occasion pouvant supporter un épandeur de trichogrammes. Malheureusement pour lui, la législation en matière de drones professionnels ou de loisirs a rapidement évolué. « Permis, assurance, déclaration en préfecture avant chaque vol… Moi qui voulais me faciliter la vie, c'était raté, relate l'exploitant. Au vu des contraintes que le vol de drone amenait, j'ai abandonné l'idée ». Malgré cette déception, Rémi Gaget ne perd pas espoir.

Un effaroucheur autonome

Deux ans plus tard, Rémi Gaget rencontre des problèmes de corvidés et de pigeons dans ses parcelles de maïs. Pour les faire fuir, il construit lui-même un effaroucheur autonome. « J'ai conçu un diffuseur de musique mobile, car si l'engin reste à un poste fixe, les oiseaux s'y habituent, explique-t-il. J'ai commencé avec un petit appareil à chenille relié à une enceinte bluetooth qui diffusait du Britney Spears et du Céline Dion dans mon champ ». Fabriqué à partir de pièces de mauvaise facture, l'effaroucheur maison ne fait qu'un aller-retour avant de voir son moteur lâcher. Mais cette première conception annonce les prémices du prochain projet de Rémi Gaget.

Gagnant du Grand Prix Xavier-Beulin

Par l'intermédiaire de la coopérative d'Agropithiviers, Rémi Gaget assiste en 2019 au conseil d'administration d'AgreenTech Valley. C'est à cette occasion qu'il entend parler du Grand Prix Xavier-Beulin. Organisé par le cluster orléanais, ce concours vise à récompenser et valoriser les agriculteurs qui utilisent des solutions et des outils numériques nouveaux au sein de leur exploitation agricole. « J'ai participé à la troisième édition du challenge avec ce projet de répulsif à oiseaux, agrémenté cette fois d'un épandeur de trichogrammes », précise-t-il.

Grâce à son robot, il devient lauréat du concours, recevant ainsi 5 000 euros et un accompagnement par l'AgreenTech Valley. « Cette somme m'a permis d'acheter les premiers composants, les plus chers, détaille-t-il. Cette récompense m'a aussi remotivé pour me lancer pleinement dans ce projet ». Les premières pièces lui sont livrées quelques mois plus tard, en janvier 2022. En avril, il met en route son premier prototype d'effaroucheur-épandeur.

Le désherbage local

Aujourd'hui, la partie effarouchage du robot est fonctionnelle, ainsi que l'épandage de couvert. Pour ce qui est de l'épandage des trichogrammes, il reste encore quelques modifications à apporter. Et l'agriculteur Géo Trouvetou va encore plus loin puisqu'il travaille désormais à installer un système de désherbage ultra-localisé sur son robot de 100 kg. « La charge étant beaucoup plus lourde avec cette nouvelle fonctionnalité, j'attends de voir la fiabilité », résume-t-il. Une fois l'outil testé et approuvé, Rémi Gaget aimerait le commercialiser d'ici la fin du printemps prochain. « Même si la commercialisation du robot induit la création d'une nouvelle entreprise, je tiens à ce que mon exploitation reste ma priorité », conclut-il. Pour le moment, entre récoltes et semis, l'exploitant cherche à créer une seconde version, plus large et plus haute, de son robot afin qu'il passe aisément dans les rangs de betteraves.

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