EARL de la Nozaie : conversion bio et vente directe
Inauguration d’une boutique à la ferme et conversion en agriculture biologique : la ferme de la Nozaie, à Nonville (Seine-et-Marne), a évolué suite à l’installation d’Adrien et Romain, deux des fils de Marc et Christine Plouvier.
Nonville, vendredi 13 mars. Le confinement n’est pas encore de rigueur. Adrien, Romain, Marc et Christine Plouvier, les associés de l’Earl de la Nozaie, posent pour la photo de famille.
Nonville, vendredi 13 mars. Le confinement n’est pas encore de rigueur. Adrien, Romain, Marc et Christine Plouvier, les associés de l’Earl de la Nozaie, posent pour la photo de famille.
À la sortie de Nonville, petit village du sud de la Seine-et-Marne, le long de la départementale qui conduit à Montereau-Fault-Yonne, se dresse depuis décembre un joli bâtiment de bois : la boutique de vente en direct de la ferme de la Nozaie.
La clientèle y trouve les produits de l’exploitation (poulet, agneau, porc, plats et terrines cuisinés en conserves) et ceux d’une vingtaine de producteurs du secteur (jus de pomme, bières, fruits et légumes, pâtes, miel…).
Cette exploitation de polyculture-élevage d’une superficie de 350 hectares – dont une cinquantaine en pâtures et jachères – en conversion bio (280 hectares depuis 2017 et 70 hectares depuis octobre) est gérée par la famille Plouvier : Marc et Christine, les parents, et Adrien et Romain, deux de leurs trois fils.
L’assolement, classique pour le secteur (colza, blé, orge, betteraves), a dû être revu lors de la conversion en bio.
De nouvelles cultures ont ainsi fait leur apparition. Il se compose aujourd’hui de luzerne, blé, triticale, avoine, féverole, pois, orge de printemps, betterave, maïs et soja.
« Je me posais des questions depuis quelques temps. En effet, nous étions pris dans un étau : d’un côté on nous demande de produire des protéines et de l’autre on ne peut rien mettre. Cela se révèle un exercice impossible dans nos terres peu profondes. J’étais perdu. De plus, le bio est aussi une demande sociétale. Je vivais mal le regard accusateur dès que je sortais le pulvérisateur. En vente directe depuis longtemps, je me retrouvais face à une équation insoluble face aux demandes, même si le bio reste un marché de niche », explique Marc Plouvier, qui a sauté le pas en 2017 lors de l’installation de son premier fils, Adrien, 25 ans, suite à un BTSA Acse(1) à Rambouillet en alternance.
« L’intégration de nouvelles cultures est motivante et le bio plus technique. Bref on apprend ensemble et le relais entre les générations se fait aussi mieux. »
L’an passé, Romain, 20 ans, les a rejoints. Après un bac professionnel dans le domaine de l’aménagement paysager, il s’interrogeait sur son avenir et a choisi de passer un BPREA(2) avant de revenir sur l’exploitation familiale.
Côté élevage avicole, la conversion a juste nécessité d’agrandir les parcours (4 m2 en extérieur, soit une surface de 2 800 m2 environ contre 2 000 m2 auparavant). Quant à l’alimentation elle est produite sur l’exploitation, les cultures étant en seconde année de conversion, il n’y a pas de problème.
Sur le parcours des volailles, les agriculteurs envisagent de planter des arbres et arbustes afin que les volatiles l’exploitent plus. En effet, la présence de couvert devrait les inciter à s’éloigner un peu d’un bâtiment.
Les volailles non vendues sont transformées en plats cuisinés ou terrines par un traiteur basé à Chemilly-sur-Yonne (Yonne), la Bourbonienne. « C’est un moyen de développer la gamme. Cela plaît aux clients. La demande existe », note Romain.
Concernant l’atelier ovin, lui aussi en bio, il se compose d’une centaine de brebis de race romane associée à des béliers Île-de-France. « Ce ne sont pas les races les plus rustiques mais nous sommes en bergerie et pâtures. L’alimentation provient, elle aussi, de l’exploitation », souligne Adrien Plouvier, passionné d’élevage.
La race romane, une race récente créé par l’Inrae, est prolifique et productrice de lait, mais sa conformation n’est pas exceptionnelle, d’où le croisement avec des béliers Île-de-France. L’agneau n’est pas la viande la plus facile à vendre. Seuls les agneaux sont vendus en caissette. Brebis et béliers, eux, sont transformés en merguez.
Les animaux sont abattus à Cosne-sur-Loire (Nièvre) puis découpés par le prestataire à Sully-sur-Loire (Loiret). La vente se fait en caissette de 8-9 kg de mars à mai tous les quinze jours, sur réservation.
Une réflexion est menée actuellement pour mettre en place deux périodes d’agnelage – et non une seule – afin de répartir les ventes sur l’année, mais une question est en suspens : la demande existe-t-elle à l’automne ?
Lancée en 2016, la production porcine monte en puissance. Aujourd’hui, deux bandes de 25 têtes sont élevées. Le broyeur de céréales utilisé pour les volailles sert également pour fabriquer la ration des porcs. Les animaux, issus d’un croisement (large white avec cochon blanc), sont élevés sur paille avec un parcours en extérieur.
Les porcelets sont achetés à l’âge de deux mois chez un éleveur icaunais en label rouge, et sont vendus tous les quinze jours dans des caissettes de 5 à 10 kg avec différents morceaux.
Bien que nourris avec des céréales bio, ils ne sont pas vendus avec le label AB. Pour y avoir droit, la famille Plouvier devrait acheter des porcelets bio, donc issus d’un élevage éloigné, un non-sens à ses yeux.
L’ensemble des productions animales est commercialisée en vente directe, un moyen de valoriser les productions de cette EARL familiale.
L.G.-D.
(1) Analyse et conduite des systèmes d’exploitation.
(2) Brevet professionnel responsable d’exploitation agricole.