Pommes de terre : désherbage, gestion mildiou…, la prochaine campagne inquiète déjà
À l'aube d'une nouvelle campagne, la filière pommes de terre est secouée par un certain nombre de problématiques qui s'imposent à elle. En premier lieu, les retraits de molécules pour le désherbage et la lutte fongicide inquiètent.
À l'aube d'une nouvelle campagne, la filière pommes de terre est secouée par un certain nombre de problématiques qui s'imposent à elle. En premier lieu, les retraits de molécules pour le désherbage et la lutte fongicide inquiètent.
La prochaine campagne de pommes de terre serait-elle celle de tous les dangers ? À l’instar de nombreuses autres filières de production française, la pomme de terre sent inexorablement l'étau se resserrer sur sa capacité à produire. En cause notamment, le retrait récent de nouvelles molécules jugées indispensables dans la stratégie désherbage ou la lutte fongicide contre mildiou.
Stratégie désherbage : c'est l'impasse
Au premier rang des inquiétudes, le retrait annoncé de la métribuzine. Cet herbicide jugé comme essentiel par les producteurs pour lutter contre les adventices se voit interdit à l'échelle européenne. Le retrait de son autorisation de mise sur le marché interviendra d'ici à six mois. Utilisé à faible dose et en mélange avec deux autres molécules, il était jusque-là la solution privilégiée en matière de désherbage pommes de terre compte tenu des nombreuses résistances apparues ces dernières années.
« Cette décision met tout simplement en danger l’avenir de la production de pommes de terre en France et en Europe », s'inquiète Guillaume Lidon, le directeur de l'Union nationale des producteurs de pommes de terre (UNPT). Il dénonce : « Ce retrait n’est pas un cas isolé. Il s’inscrit dans une tendance inquiétante à l’abandon des outils de protection des cultures en pommes de terre. Ces décisions illustrent le rétrécissement dangereux et en cascade des moyens de lutte. L'Union européenne pousse la filière vers l’impasse et la décroissance ». Le directeur de l'UNPT est d'autant plus inquiet que le prosulfocarbe, la deuxième molécule la plus utilisée en désherbage pommes de terre est elle aussi dans le viseur de l'Anses* avec un possible retrait l'an prochain. « À elles deux, ces molécules sont utilisées sur 95 % des surfaces. Il n'en faudra pas plus pour mettre dangereusement en péril la filière ».
Mildiou : un plan national indispensable
Côté fongicide aussi la météo est maussade et le mildiou préoccupe particulièrement. Des températures douces, une hygrométrie importante, des pluies orageuses… la pression maladie a été importante durant la campagne qui s'achève avec la présence d'une souche, la 36-A2, connue pour être agressive et engendrer des contaminations précoces.
Là encore, les moyens de lutte se raréfient après le retrait de deux fongicides, le métirame en mai et le diméthomorphe, le mois dernier, tous les deux sans délai de grâce pour la vente, la distribution et l'utilisation. « Là aussi, deux autres molécules pourraient être retirées dans les mois à venir. Nous sommes particulièrement vigilants », prévient Guillaume Lidon.
L'UNPT demande urgemment aux pouvoirs publics un plan national et européen ambitieux de lutte contre le mildiou de la pomme de terre, avec des moyens et des solutions alternatives viables ainsi que le maintien de toutes les substances actives actuelles dans ce laps de temps. « La dérive du tout ''principe de précaution'' sans solutions alternatives doit cesser immédiatement, sinon c’est la destinée de la production de pommes de terre en France et en Europe que nous allons sceller », prévient l'organisation de producteurs.
*Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail.
Cet article fait partie d'un dossier Pommes de terre