Coopératives
Des résultats en demi-teinte pour le groupe coopératif Scael
Le groupe Scael a invité ses adhérents, collaborateurs et partenaires le 19 décembre à L'Illiade à Chartres, pour la traditionnelle réunion d'information qui fait suite à son assemblée générale annuelle.
Le groupe Scael a invité ses adhérents, collaborateurs et partenaires le 19 décembre à L'Illiade à Chartres, pour la traditionnelle réunion d'information qui fait suite à son assemblée générale annuelle.






« L'exercice 2023-2024 a mis à l'épreuve notre résilience, notre capacité d'adaptation. Malgré cela, notre groupe coopératif a su faire preuve de solidité et de détermination. Je suis convaincu que notre système coopératif n'a jamais été aussi pertinent que dans ces moments agités », a souligné le président du groupe coopératif Scael, Éric Brault, en ouvrant, jeudi 19 décembre à L'Illiade à Chartres, la réunion annuelle d'information qui fait suite à son assemblée générale.
Pluviométrie extraordinaire
De fait, cette campagne a été compliquée, comme l'a répété le directeur général du groupe, Jean-Sébastien Loyer, en dressant son bilan. Il note d'abord une pluviométrie « extraordinaire, qui a commencé en octobre 2023 et qui a particulièrement perturbé les semis. Et une année marquée aussi par un contexte géopolitique qui est venu entraver nos exportations », pointe-t-il, soulignant aussi une France de plus en plus absente de la scène internationale.
Parmi les faits marquants de l'exercice, Jean-Sébastien Loyer n'oublie pas l'inflation grandissante, une hausse significative des coûts de production, des taux d'intérêt, des prix de l'énergie. Compte tenu de ces éléments : « Ça a été une année avec des chiffres en demi-teinte », pose-t-il. Ainsi le chiffre d'affaires du groupe s'établit à 1,371 milliard d'euros, contre 1,7 milliard lors du précédent exercice.
Un chiffre qu'il explique par une baisse du prix des engrais et des céréales : « Mais nous avons réussi à augmenter notre excédent brut d'exploitation (EBE), puisqu'il est passé de 16,2 millions d'euros à 17,6 millions cette année, avec un résultat d'exploitation pour le groupe à 4,7 millions, impacté par la moins bonne performance de certaines de nos filiales. Le résultat de la coopérative s'établit à environ 600 000 euros ».
Maintien des ratios
« En dépit de ces résultats moyens, nous avons été capables de maintenir nos ratios financiers », souligne-t-il, et ajoute que les actifs de la coopérative sont solides, notamment l'immobilier dont la valeur augmente de 2 millions par an, ou Céréapro : « Quand nous l'avons racheté, il faisait 200 000 tonnes de collecte, aujourd'hui c'est 440 000 tonnes ». Sans oublier les laboratoires qui affichent une belle croissance.
Jean-Sébastien Loyer poursuit son propos en insistant sur le fait que si l'année a été moins bonne que la précédente, la coopérative a réalisé une bonne performance : « Et les perspectives pour les années qui viennent, notamment pour les filiales, sont plutôt bonnes ».
Le tour des différents pôles qui constituent le groupe Scael, est effectué ensuite. À commencer par le pôle agricole qui enregistre une moisson supérieure aux prévisions avec 786 000 tonnes collectées. « Mais les prix élevés des engrais ont impacté la rentabilité des exploitations, tandis que le cours des céréales, inférieur aux coûts de production, ont conduit à l'apparition du redouté effet ciseaux chez nos adhérents », rembobine Éric Brault.
Pour sa part, l'activité approvisionnement a connu une baisse de chiffre d'affaires. En revanche, la station de semences a enregistré un record de vente avec 42 000 quintaux auprès des adhérents. « La récolte 2023 a été belle à peu près pour tout le monde, relève Jean-Sébastien Loyer, avec un bémol sur le colza et sur les orges de brasserie qui ont eu des problèmes de calibrage ».
Chute vertigineuse
Mais une campagne compliquée en termes de prix : « Après 2022, nous avons connu des prix qui se sont envolés jusqu'à 400 euros, mais la chute a été vertigineuse durant toute la récolte 2023, et qui sont arrivés bien en deçà des coûts de revient, d'autant que les engrais, un an avant, avaient été achetés au plus haut… L'impact a été direct pour les agriculteurs », reconnaît le directeur général.
Il revient ensuite sur la politique de filières mise en place pour accompagner les adhérents. Elles concernent aujourd'hui environ 10 000 hectares, avec du blé dur, du lin, du sarrasin, du colza ou l'emblématique lavandin. « Ce sont un peu plus de 2 millions d'euros qui sont redonnés aux agriculteurs à travers ces filières. Notre objectif est de continuer à les développer ».
À ce stade, Jean-Sébastien Loyer dit un mot sur la campagne actuelle : « Elle restera dans les annales pour de mauvaises raisons. Nous avons connu 2016, certains ont connu 2020 et là, 2024 est pire pour bon nombre d'agriculteurs. Au sein de la coopérative, c'est 25 % de collecte en moins, mais des agriculteurs ont connu des baisses de production de plus de 50 %. Nous sommes dans une situation extrêmement compliquée ».
Les autres pôles sont également passés en revue : l'export, la distribution grand public, les laboratoires, le transport et le pôle innovation et développement. L'occasion d'apprendre qu'un magasin Gamm vert ouvrira en mars prochain à Lèves, ou que le projet de ferme urbaine à Luisant, Olis, a été abandonné.
Colère
Avant de laisser la seconde partie de la réunion à l'intervention du directeur du club Demeter, Sébastien Abis, Éric Brault l'a conclue en livrant les raisons d'une colère légitime, devant une agriculture malmenée, une France qui régresse, le renoncement de l'Europe à sa souveraineté alimentaire, des décisions schizophréniques comme la signature du Mercosur ou la diminution de la pharmacopée sans solutions alternatives… « En ces moments de forte incertitude, je reste persuadé que notre modèle coopératif est un modèle vertueux. Il a été pensé pour faire fi des aléas, pour mutualiser les risques et les moyens de les affronter ».
La collecte
La collecte 2023-2024 de la coopérative s'élève à 786 000 tonnes : 337 000 t de blé tendre, 193 000 t d'orges, 88 000 t de colza, 83 000 t de maïs, 60 000 t de blé dur et 25 000 t de C2, bio et autres.