Machinisme
Des outils de décompactage et de destruction de couverts en démo
La FR Cuma Centre-Val de Loire et la chambre d'Agriculture d'Eure-et-Loir ont proposé, le 26 septembre à Voves (Eure-et-Loir), une journée de démonstrations d'outils de décompactage des sols et de destruction de couverts, particulièrement suivie.
La FR Cuma Centre-Val de Loire et la chambre d'Agriculture d'Eure-et-Loir ont proposé, le 26 septembre à Voves (Eure-et-Loir), une journée de démonstrations d'outils de décompactage des sols et de destruction de couverts, particulièrement suivie.
La Fédération régionale des Cuma Centre-Val de Loire, en partenariat avec la chambre d'Agriculture d'Eure-et-Loir, a organisé sur une parcelle d'Édouard Breton, mardi 26 septembre à Voves, une grande journée de démonstrations dynamiques. Pour ne rien gâcher, les conditions météo étaient idéales.
Des dents et des disques
Deux thématiques ont été abordées au fil de l'événement, la destruction de couverts, avec la présentation de treize outils dédiés, et la décompaction des sols, avec neuf matériels spécifiques.
Avant d'entamer la série de démonstrations d'outils de destruction de couvert, l'agronome de la Chambre, Jean-Baptiste Gratecap, a planté le décor ou plutôt a expliqué que deux modalités avaient été utilisées pour semer le couvert, avec un drone et plus classiquement avec un semoir.
Le semis au drone, sous le précédent blé dur, a été le plus précoce et les graines choisies adaptées à cet usage. Il y avait bien une différence de morphologie entre les deux moitiés de la parcelle mais au final peu de différence de biomasse, 3 tonnes avec le semis classique, 2,8 tonnes au drone. L'agronome a rappelé qu'une tonne de biomasse représentait 25 unités d'azote absorbées et qu'un tiers de ces unités seront utiles à la culture suivante.
Une fois ceci posé, les outils sont entrés en action dans les deux couverts. Chaque constructeur propose sa solution, ses arguments, le petit plus qui ferait la différence par rapport à la concurrence. Une trémie pressurisée ici pour semer des petites graines, un réglage simplifié là, plus de polyvalence, plus de durabilité, mais assez souvent des rouleaux à l'avant et des dents ou des disques à l'arrière.
L'option labourage, très différente mais efficace à sa façon, a elle aussi été présentée avec les charrues Demblon et Kuhn.
La scène se répètera tout au long des démonstrations de destruction de couverts, dès qu'un outil est passé, les agriculteurs présents scrutent le travail accompli, vérifient du bout de la botte que les plantes sont bien arrachées à la terre, comparent les performances de tel ou tel outil… Et c'est bien là l'objectif de la journée.
Concessions impliquées
Si treize outils ont pu être présentés, une partie le matin, l'autre l'après-midi, c'est bien grâce à l'implication de tous les concessionnaires* du secteur qui ont joué le jeu et répondu à la demande de la FR Cuma. Et il en est de même pour les matériels de décompaction des sols qui ont rassemblé une dizaine de matériels.
« Le décompactage est l'opération la plus délicate en travail du sol », rappelle d'ailleurs au début de cette journée le chef du service agronomique de la Chambre, Thierry Savoie. Il en distingue deux types, le travail sur la profondeur d'une charrue (20-25 cm), ou pseudo-labour, et le travail plus profond, sous le labour donc (35-40 cm), le décompactage. Les deux types de matériels sont présentés.
Et de fait, pour ces démonstrations-là, comme tout se passe sous la surface du sol, difficile de mesurer l'efficacité des outils. On voit bien les dents rentrer dedans, la machine avancer et laisser derrière un sol manifestement différent, mais savoir si, comme le prétendent tous les constructeurs, les dents provoquent une onde de choc, que les horizons ne sont pas bouleversés et qu'il n'y a pas formation de terre fine, reste difficile à juger.
Il n'empêche que les représentants des constructeurs répondent aux questions des exploitants et ont fait tout leur possible pour montrer l'efficacité de leurs machines dans le temps imparti par les organisateurs.
Buvette conviviale
Des organisateurs plutôt satisfaits par cette journée : « Même s'il y a eu moins de participants qu'escompté, souligne le président de la Fédération départementale des Cuma, Alain Marcuard. En revanche, ceux qui sont venus se sont montrés intéressés. Et travailler avec les techniciens de la Chambre a été très intéressant. Par ailleurs, la buvette (proposée par la brasserie Delabonne, NDLR), a amené quelque chose de convivial, les gens s'y retrouvaient pour discuter. Maintenant, il nous faut trouver un thème pour dans deux ans… ».
*Nouvellon, Duret, Ets Cheneau, Chesneau, Depussay, Lecoq et Ghestem agri.
Deux profils parlants
Deux fosses pédologiques ont été creusées par l'équipe de la chambre d'Agriculture sur le site de démonstration. L'un au niveau de la zone de couverts, l'autre sur la parcelle de sol nu. C'est l'agronome de la Chambre Dominique Delaunay qui se charge des explications.
Poser un diagnostic
De fait, avant de se lancer dans un travail de décompaction des sols, il convient de réaliser un diagnostic. Il est bien sûr inutile de réaliser une fosse aussi grande que celles réalisées là à des fins pédagogiques, mais il faut tout de même sortir la bêche.
Les deux profils ouverts ont bien révélé des zones de compaction. Surtout sur la parcelle de sol nu avec un précédent pommes de terre. Mais ils ont aussi permis d'expliquer aux visiteurs la formation de ces terres dites brunisols, typiques du secteur, du limon posé sur du calcaire : « C'est l'altération de ce calcaire par l'eau qui donne l'argile qui se mêle aux limons éoliens et à la matière organique. Ces sols s'approfondissent par le fond… ».
Quant aux preuves de tassement, elles se trouvent dans l'absence de racines dans les zones compactées et par des blocs de terre qui se cassent en créant des surfaces planes.
Les pneus se dégonflent
L'interface entre le tracteur et le sol, c'est le pneu. Pour lutter contre la compaction des sols, les manufacturiers développent des pneus capables de travailler à basse pression, autour de 600 - 700 grammes.
Répartition de poids
Trois sont présents à Voves : BKT, Michelin et Trelleborg. Les deux premiers ont présenté des zones de sable fin sur lesquelles les pneus ont laissé leur empreinte, et force est de constater que s'ils sont moins gonflés, l'empreinte est plus large et donc le poids réparti sur une surface plus grande.
Autre avantage, un pneu sous-gonflé diminue le patinage et donc la consommation de carburant. À l'inverse, un sol compacté engendre une diminution de rendement.
La limite de cette solution est qu'à moins d'avoir ses parcelles autour de sa ferme, l'option télégonflage n'est plus une option… Sur route, un pneu sous-gonflé se détériore très vite. Cette technologie prendra peut-être le même virage que le GPS il y a quelques années…