Mobilisation
Des ministres à l'OFB pour apaiser… sans agriculteurs 📹
Agnès Pannier-Runacher et Annie Genevard se sont déplacées le 17 avril sur le site national de l'Office français de la biodiversité, à Auffargis (Yvelines), pour tenter d'apaiser les tensions avec le monde agricole. Les agriculteurs n'étaient cependant pas conviés à cette rencontre.
Agnès Pannier-Runacher et Annie Genevard se sont déplacées le 17 avril sur le site national de l'Office français de la biodiversité, à Auffargis (Yvelines), pour tenter d'apaiser les tensions avec le monde agricole. Les agriculteurs n'étaient cependant pas conviés à cette rencontre.





Jeudi 17 avril, les ministres de l'Agriculture, Annie Genevard, et de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche, Agnès Pannier-Runacher, ont rendu visite à l'Office français de la biodiversité (OFB). La rencontre a eu lieu à Auffargis (Yvelines) sur l'un des sites nationaux de l'agence française. Le but de leur visite était de présenter dix mesures pour un dialogue renouvelé entre l’OFB et les acteurs agricoles. Pourtant, ces derniers n'ont pas été conviés à cette rencontre.
« Une mise en scène ministérielle de plus : les agriculteurs écartés, une fois encore », s'est indigné la chambre d'Agriculture de région Île-de-France. « Alors que les récentes déclarations de la ministre Agnès Pannier-Runacher, sur la "protection des captages pour améliorer la qualité de l’eau" visent directement notre profession, ce déplacement unilatéral, imposé par Matignon pour faire diversion face au discours de politique générale, sonne comme une provocation de trop. Si les agents de l’OFB se sentent mal aimés par les agriculteurs, ce n’est pas ainsi que la ministre apaisera les tensions et les incompréhensions. Bien au contraire, elle alimente la défiance et accentue les fractures », a développé la Chambre de région.
Inadmissible
Un peu plus d'une heure avant l'arrivée des deux ministres, une trentaine d'agriculteurs FDSEA/JA se sont rassemblés pour faire entendre « [leur] incompréhension et [leur] mécontentement », souligne le président de la FDSEA Île-de-France, Guillaume Moret. Et de détailler : « Quand nous avons pris connaissance de cette visite, nous avons trouvé cela inadmissible. D'autant plus qu'en Île-de-France, nous n'avons pas de relations sous tension avec l'OFB. Les échanges sont parfois tendus, mais il n'y a pas d'animosité comme dans certaines régions de France. Cette visite est d'autant moins bien perçue que nous n'avons pas été prévenus et que les propos tenus ces derniers temps par la ministre de la Transition écologique mettent en cause en permanence la profession agricole et les agriculteurs ». Donatien Moyson, coprésident des Jeunes agriculteurs d'Île-de-France ouest, est également présent. « Nous sommes venus montrer le ras-le-bol de toujours être les derniers prévenus. Nous ne sommes pas la dernière roue du carrosse », affirme-t-il.
Interrogée sur l'absence des agriculteurs, Agnès Pannier-Runacher nous a répondu : « Je pense que le représentant des chambres d'Agriculture (Arnaud Delestre, vice-président de Chambres d'Agriculture France, NDLR) pourra vous dire qu'il n'est pas manquant et que les agriculteurs sont bien ici. Je rappelle que nous avons travaillé ces dix mesures avec les chambres d'Agriculture comme partenaires ». Contacté à ce sujet, Guillaume Moret estime qu'il « représente les Chambres et non les agriculteurs du territoire ».
« Se préparer à repartir en manifestations »
Malgré la mobilisation des agriculteurs à quelques dizaines de mètres d'elles, les ministres n'ont pas pris le temps d'aller à leur rencontre et s'en sont tenues au programme établi. « Je rencontre les agriculteurs constamment et ils savent trouver, auprès de moi, une ministre toujours disponible pour l'échange », a tout de même précisé la ministre de l'Agriculture, Annie Genevard. Elle a d'ailleurs téléphoné à Guillaume Moret quelques heures plus tard pour lui indiquer avoir bien reçu les messages et revendications exprimés auprès de son cabinet.
Marion Zalay, conseillère d'Annie Genevard, et Véronique Ménez, conseillère d'Agnès Pannier-Runacher, sont effectivement allées à la rencontre des agriculteurs. « Grâce à ces échanges, nous leur avons rappelé notre mécontentement de ne pas avoir été conviés à cette rencontre avec l’OFB et nous en avons profité pour rappeler que pour la profession agricole les enjeux de la proposition de projet de loi Entraves sont attendus depuis plus de six mois, ainsi que les fortes attentes des agriculteurs. Tout retard serait absolument inacceptable », ont expliqué les Jeunes agriculteurs Île-de-France Ouest.
Concernant les dix mesures annoncées, certaines vont dans le bon sens selon les agriculteurs à l'image de la première visant la discrétion du port d'arme pour les agents de l'OFB. « Quand ils arrivent avec le pistolet à la ceinture, cela donne une stature de cow-boy donc c'est normal que ce soit mal vu par les agriculteurs », note Guillaume Moret. « Néanmoins, la première des choses, c'est le respect mutuel dans les relations quotidiennes. Les agriculteurs ne sont pas des voyous et ne vont pas se sauver. Ce respect commence par une représentation équitable des deux parties », détaille le président de la FDSEA d'Île-de-France. Il ajoute : « Tout est fait pour alimenter les tensions entre agriculteurs et environnementalistes, mais notre priorité n'est pas la relation avec l'OFB. Cela ne va rien ramener de concret. Nous attendons des lois qui sont sans cesse reportées à l'Assemblée nationale. Il faut se préparer à repartir en manifestation parce que nous ne pouvons pas accepter d'être baladés comme ça ».
Lire aussi notre article Une visite à l'OFB marquée par un désaccord entre ministres