Des agneaux agroécologiques à l’étude, de la bergerie à l’assiette
Le projet Ecolagno vise à tester des pratiques de production d’agneaux intégrant les principes de l’agroécologie. La qualité de la viande sera également appréciée.
Lancées en janvier 2016 et pour une durée de trois ans, les actions du projet Casdar Ecolagno ont pour vocation d’analyser des itinéraires techniques intégrant les principes de l’agroécologie, afin de mieux répondre aux attentes sociétales. « La diminution de la charge alimentaire des agneaux et une hausse du recours à la phytothérapie sont au cœur de ce programme de recherche. Son caractère innovant réside dans le choix des nouvelles conduites mises en pratique mais aussi dans la volonté d’apprécier les qualités de la viande ainsi produite, en recueillant les avis de bouchers et de consommateurs », explique Isabelle Legrand de l’Institut de l’élevage. Trois actions y sont déclinées.
Trois actions menées
La première concerne la production d’agneaux agroécologiques au pâturage (quatre cents quarante agneaux en essais). « L’idée est de trouver le juste milieu pour tirer parti de l’herbe (acide gras viande) en réduisant l’inconvénient du parasitisme. Les essais évalueront ainsi la finition sur dérobées en hiver ou sur luzerne sans apport de concentrés, le pâturage cellulaire, le recours aux plantes à tanins pour réduire les défauts de flaveur à l’herbe et diminuer les anthelminthiques. »
La seconde action s’attarde sur la production d’agneaux en bergerie (trois cent agneaux en essais) en se penchant sur la lactation longue avec du foin de luzerne et une céréale, ainsi que sur l’utilisation d’extraits végétaux pour améliorer l’indice de consommation.
Enfin, une enquête d’opinion auprès de distributeurs et de consommateurs sera réalisée. « Qu’apprécient-ils dans cette viande goûteuse ? Que lui reprochent-ils ? Le consommateur est-il prêt à payer plus cher pour une viande d’agneau produite selon des pratiques agroécologiques, en bergerie ou à l’herbe ? Pour répondre à ces questions, près de six cent consommateurs ainsi que des jurys d’experts entraînés ont participé à des tests de dégustation. Ces nouvelles références permettront de faire évoluer les pratiques de production et surtout d’envisager de nouveaux messages de communication. »
Herbe ou bergerie
De premiers résultats sont d’ores et déjà disponibles. Ils restent toutefois à être valider d’ici la fin du projet. Sur le site du Ciirpo, des expérimentations ont été faites sur la finition des agneaux sur dérobées au cours de l’automne/hiver 2016/2017. Un lot de quarante agneaux a été suivi en bergerie intégrale et un autre à l’herbe sans concentré. Le sevrage est intervenu à cent jours. Globalement, les agneaux ont été bien finis. Ceux à l’herbe ont tout de même des poids carcasse inférieurs, des gras plus blancs et des croissances moindres
(25 %) que les agneaux de bergerie. « Il faut donc prévoir un temps d’engraissement plus long pour les premiers. Par contre, le gain s’effectue sur la consommation de concentrés, évaluée à environ cent kg de moins par agneau. Le temps de travail est variable selon les outils disponibles. Le niveau de chargement est de dix agneaux par hectare. L’intérêt économique est en faveur des lots dérobés », souligne Denis Gautier du Ciirpo.
Des prélèvements de viande ont par ailleurs été réalisés afin d’évaluer la caractérisation nutritionnelle et sensorielle des viandes.
Avec les finitions sur dérobées, on observe une amélioration du profil en acides gras (plus d’oméga 3), des côtelettes un peu plus maigres, une légère augmentation des teneurs en protéines, en fer total et en zinc mais une légère diminution de la teneur en vitamines B12. « Ces références sont en accord avec la bibliographie et à compléter avec la caractérisation sensorielle des viandes », souligne Jérôme Normand de l’Institut de l’élevage.
Approches consommateurs
Sur une partie des essais et des agneaux, plusieurs approches consommateurs ont été conduites. « Le concept de viande d’agneau agroécologique semble bien perçu. Le consentement à payer cette viande est par ailleurs encourageant. Les conclusions de ces premiers essais sont à valider et à affiner par les expérimentations ultérieures afin de prendre en compte la variabilité animale, la variabilité humaine, l’évolution des comportements et goûts des consommateurs au fil du temps », précise Jérôme Normand.