Louveteri
Dans les bottes d'un lieutenant de louveterie avec Patrick Tanguy
Patrick Tanguy a été lieutenant de louveterie pendant dix ans. Bénévole et médiateur, il a jonglé entre sécurité, gestion de la faune et relations avec agriculteurs et chasseurs. Découvrez ses missions.
Patrick Tanguy a été lieutenant de louveterie pendant dix ans. Bénévole et médiateur, il a jonglé entre sécurité, gestion de la faune et relations avec agriculteurs et chasseurs. Découvrez ses missions.
Il y a dix ans, Patrick Tanguy a choisi de se consacrer pleinement à sa passion pour la nature en postulant au poste de lieutenant de louveterie. Aujourd'hui âgé de 73 ans, il a terminé son service en décembre dernier. Sa carrière de louvetier avait commencé en Beauce, puis dans la zone située entre Dampierre-en-Burly et Saint-Denis-de-l’Hôtel (Loiret), un périmètre de huit communes particulièrement affecté par les dégâts de sangliers. « Je suis chasseur depuis l'âge de 17 ans, raconte-t-il. Après ma retraite, j'ai voulu m'impliquer davantage dans la gestion de la faune sauvage, notamment pour aider les agriculteurs à protéger leurs cultures ».
Un rôle de régulateur bénévole
Le rôle d’un lieutenant de louveterie est avant tout de réguler les populations d’animaux sauvages, en particulier les sangliers, qui causent de nombreux dégâts. Patrick Tanguy, comme ses confrères, a été nommé par la préfète de l'époque, pour un mandat de cinq ans, renouvelable. « Nous devons être des chasseurs expérimentés et faire preuve d'une grande responsabilité, car notre intervention doit se faire dans le respect de la faune et de la sécurité des personnes », explique-t-il.
Le lieutenant de louveterie n’est pas rémunéré pour son travail. Tout est basé sur le bénévolat. « C'est un engagement personnel, une mission qui demande de la disponibilité et de l'empathie pour tous ceux qui sont affectés par les dégâts », confie Patrick Tanguy.
Les louvetiers sont appelés à intervenir dans différentes situations : collision avec un animal sur les routes ou dégâts sur les cultures. Ils effectuent des études techniques, puis soumettent leurs conclusions à la Direction départementale des Territoires (DDT) pour déterminer les mesures à prendre : battues administratives, tirs de nuit ou autres interventions spécifiques.
La sécurité, une priorité
Lors des interventions, la sécurité est primordiale pour les louvetiers. « Nous devons toujours être vigilants. Nous ne tirons jamais si des habitations sont derrière la cible. Nous ne tirons que lorsque nous sommes sûrs de mettre notre balle dans la terre », précise Patrick Tanguy. Avant chaque opération, il prend contact avec la gendarmerie pour signaler sa localisation.
Les interventions se font en pleine nuit, lorsque les conditions météorologiques le permettent. « La pluie ou le brouillard peuvent gêner la visée et mettre en danger la sécurité, détaille le lieutenant de louveterie. Il ne faut jamais sortir en pleine lune, les sangliers nous voient trop bien ».
Son rôle, en plus de la régulation des populations animales, est souvent de faire le lien entre les différents acteurs. « J’ai des capacités de négociateur. Mon objectif est de rendre service à la nature et aux agriculteurs, et d'aider les chasseurs à intervenir dans les zones problématiques », poursuit-il.
L'explosion des dégâts de sangliers
Ces dernières années, la situation s'est aggravée, notamment avec l'arrêt de la chasse durant les confinements de 2020 et l’augmentation des cultures de maïs. « Les dégâts causés par les sangliers ont été exponentiels ces cinq dernières années, constate Patrick Tanguy. Les sangliers, attirés par les cultures de maïs, se sont multipliés, et les interventions se sont intensifiées. Aujourd'hui, les sangliers sont présents partout. Le problème est d'autant plus préoccupant que les agriculteurs n'ont pas toujours les moyens de se protéger », explique-t-il.
L’une des solutions proposées par Patrick Tanguy aux agriculteurs est de choisir des cultures adaptées à leur environnement : « Lorsque vous êtes en bordure d'une forêt domaniale ou à proximité de zones naturelles riches en gibier, il vaut mieux privilégier des cultures moins attirantes pour les sangliers, comme le colza ».