Construction européenne : Xavier Beulin réaffirme la nécessité d’une Europe au soutien de ses agriculteurs
Invité à venir partager sa vision de l’Europe, le mardi 10 janvier, à l’occasion des mardis de l’Ifocap, un institut de formation des acteurs du monde agricole et rural, Xavier Beulin a insisté sur le devoir de défendre les particularités du modèle agricole européen.
« L’agriculture constitue le ciment de l’Europe », a-t-il tenu à souligner. Quelle place joue aujourd’hui l’Europe sur l’échiquier mondial ? Car il semble bien loin le temps où l’Europe ambitionnait d’exporter valeurs et stabilité au-delà de ses frontières. « Après 2008, nous sommes entrés dans une ère où l’on essaie plutôt de ne pas importer le chaos », renseigne Olivier de France, directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris). La crise économique survenue en 2008, l’annexion de la Crimée par la Russie, les mouvements migratoires liés à la question syrienne et le terrorisme, constituent les principaux facteurs ayant plongé l’Europe dans une phase de doute profond. Le « Brexit » décidé par les Britanniques en juin dernier n’a fait que confirmer l’impression d’embourbement du projet européen. « L’Europe est inachevée mais elle avance. C’est la seule construction de ce type qui existe au monde car ce n’est pas un Etat », défend Pascale Joannin, directrice générale de la Fondation Robert Schuman. Malgré les nombreux vents défavorables, le Vieux-continent demeure la première puissance économique mondiale.
Place de l’agriculture ?
Pro-européen convaincu, Xavier Beulin a souhaité rappeler la place singulière qu’occupe l’agriculture dans la construction européenne. Véritable « ciment de l’Europe » avec la PAC comme première véritable politique intégrée, l’agriculture européenne apparaît néanmoins menacée. « La PAC aujourd’hui n’est plus lisible pour personne », analyse le président de la FNSEA qui regrette au passage de devoir aborder la plupart des sujets (verdissement, bien-être animal, biodiversité…) qu’à travers des positions défensives. Aussi, Xavier Beulin critique le choix de l’élargissement rapide (de 6 à 28 états-membres) « au dépend d’un approfondissement et d’une consolidation de l’Europe ». Il dénonce également une construction trop libérale : « Le tout marché ne marche pas ! ». Au niveau géopolitique, la stratégie de repli orchestrée par les Etats-Unis dans les grandes régions du monde (Moyen-Orient en particulier) aurait pu, selon Xavier Beulin, profiter à l’Union européenne. Là encore, à l’image du couple franco-allemand, « l’Europe n’a pas été au rendez-vous », déplore-t-il. « L’Europe n’avance que lorsqu’il y a des décisions politiques qui sont prises, or le couple franco-allemand ne marche pas. Du fait de l’Histoire, l’Allemagne est tentée de se faire toute petite. C’est à la France de prendre l’initiative ! », remarque Pascale Joannin. Selon elle, l’arrivée au pouvoir de Trump aux Etats-Unis pourrait s’avérer être « une bonne opportunité pour l’Europe de prendre le taureau par les cornes ».