Cipan semés au drone : expérimentation aux bénéfices multifactoriels
Après les tests de semis de couverts par drone effectués fin juin, les parties prenantes sont revenues dresser un premier bilan de l'expérimentation.
Après les tests de semis de couverts par drone effectués fin juin, les parties prenantes sont revenues dresser un premier bilan de l'expérimentation.
Trois mois après les tests de semis de Cipan* par drône, l'ensemble des parties prenantes étaient de retour sur un des sites, à Buchelay (Yvelines), pour dresser un premier bilan de l'expérimentation.
Cette parcelle, conduite en agriculture de conservation et située sur le champ captant de Rosny-Buchelay, avait été choisie spécifiquement pour l'étude menée par Suez, auquel s'est associée la Fédération interdépartementale des chasseurs d'Île-de-France (Ficif) qui a effectué le semis.
« L'avantage ici est multiple, avance la responsable Ressource en eau et biodiversité chez Suez, Laëtitia Chegard. De notre côté, nous recherchons les meilleures modalités d'implantation des Cipan pour permettre aux agriculteurs de capter les nitrates avant l'hiver et ainsi éviter leur transfert dans la nappe. Quant à la Ficif, la présence d'un couvert est intéressant d'un point de vue faunistique ».
Pour l'expérimentation, la parcelle a été divisée en trois. Une bande de Cipan semés au drone le 26 juin, soit dix jours avant la récolte. Une bande semée au semoir à dents après récolte et une bande où le sol a été laissé nu. « Nous comparerons les reliquats à différents moments jusqu'en novembre », précise Laëtitia Chegard.
Si les conditions climatiques de l'été ont été favorables à une bonne levée des Cipan, plusieurs constatations visuelles ont d'abord pu être faites. Le mélange semé comptait neuf espèces : radis fourrager, vesce commune, sarrasin, millet blanc, trèfle incarnat, trèfle d'Alexandrie, bourrache, phacélie et tournesol. « On observe peu voire pas du tout de tournesol dans les parcelles semées au drone, note le technicien de la Ficif, Guillaume Ripaux. On sait d'ores et déjà qu'il faudra sortir cette espèce du mélange car la graine est plus grosse et plus lourde que les autres et cela ne fonctionne pas ». De même, la Ficif a déjà observé des différences entre les semis au drone effectués dix jours avant la récolte, cinq jours avant la récolte ou la veille. « Sur les 100 hectares semés au drone en Île-de-France, c'est cette dernière modalité qui a donné les plus belles levées », note Guillaume Ripaux.
Pour cette première évaluation du test à Buchelay, quelques élèves du lycée Sully de Magnanville (Yvelines) sont venus prêter main-forte pour le calcul de la biomasse. « Le reliquat a été calculé à 90 unités le 13 juillet en post-récolte », a précisé Laëtitia Chegard avant que les étudiants débutent le prélèvement des espèces dans la parcelle. Encadrés par leurs trois professeurs, les élèves ont alors livré leur premier calcul : sur la parcelle semée au drone, quatre des neuf espèces seulement ont été retrouvées, représentant 3,1 tonnes de matière sèche à l'hectare. « L'azote piégé est estimé à 95 kg/ha et l'azote restituée à 27 unités » ont précisé les élèves tandis que la seconde modalité de semis traditionnel a permis de retrouver huit des neuf espèces et donné « 2,3 tonnes de matières sèches à l'hectare, 70 kg/ha d'azote piégé et 20 unités restituées ». « Ces chiffres devront évidemment être étudiés et mis en perspective avec ceux d'autres parcelles ainsi qu'avec les nouveaux calculs qui seront effectués ici et ailleurs en novembre », a souligné Laëtitia Chegard.
Du côté de la Ficif, on se félicite de ce travail en synergie qui permet d'attirer l'attention sur l'intérêt des couverts. « Un sol couvert est toujours plus intéressant qu'un sol nu d'un point de vue faunistique, souligne Guillaume Ripaux. L'automne est une période de migration importante et les couverts permettent d'attirer des espèces qui ont besoin de cette biodiversité. De notre point de vue, il convient de détruire les couverts le plus tard possible ».
Cette expérimentation se poursuivra encore sur plusieurs années afin d'évaluer l'intérêt du drone en fonction de différents contextes, climatiques notamment.
*Cultures intermédiaires pièges à nitrates.