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Betteraves
CGB CVL : la jaunisse au menu de l'assemblée générale

La CGB Centre-Val de Loire a tenu son assemblée générale le 16 juin à Tivernon (Loiret). L'occasion d'organiser une table ronde sur le dossier de la jaunisse et de livrer une bonne nouvelle à la fin.

«La jaunisse a fortement marqué à la fois les résultats économiques et l'état d'esprit de nos planteurs en 2020. Depuis un moment, une question sur deux qui nous est adressée concerne ce sujet très compliqué », relève Alexandre Pelé. Raison pour laquelle il organise une table ronde « La jaunisse, et après ? » lors de l'assemblée générale de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) du Centre-Val de Loire qu'il préside. Celle-ci se déroule jeudi 16 juin, à la ferme d'Abbonville à Tivernon (Loiret).

40 millions de préjudice

Pour mémoire, la région a été l'une des plus touchées de l'Hexagone lors de cette campagne, avec une perte moyenne de rendement de 52 % et un préjudice agricole estimé à plus de 40 millions ­d'euros.

Mais avant de répondre à la question de l'après, la CGB CVL demande d'abord au délégué interministériel de la filière sucre, Henri Havard, de dresser un bilan des indemnisations des planteurs. « La règle des minimis a permis d'aller vite. Les montants demandés pour la région ont été de 14 millions d'euros, soit un quart du total français. Sur les paiements, nous n'avons pas été très bons, ils ont été décalés », avoue-t-il. Au final, 99,60 % des dossiers ont été payés, seuls six ont été déclarés inéligibles.

« Mais cette crise sanitaire est le résultat d'une décision politique… », fait remarquer Alexandre Pelé. Ensuite, le directeur général de la CGB, Pierre Raye, ajoute que la dérogation pour pouvoir utiliser les néonicotinoïdes (NNI) est vitale pour la filière. « Pour 2022, nous l'avons eue très tard et elle reste à obtenir pour 2023 », rappelle-t-il avant de préciser que la filière se bat également au sujet de la rotation culturale, « un vrai casse-tête pour les planteurs ».

Pas entendus

Il reçoit le soutien de Vincent Laudimat, directeur de l'Institut technique de la betterave : « Sur quoi se fonde la décision du retour de certaines plantes en N+1, N+2 ou N+3 : c'est une vraie question. Nous avons démontré que les risques n'étaient pas si élevés mais nous n'avons pas été entendus. On nous oppose des arguments basés sur la réflexion et non sur la science ».

Le responsable poursuit en embrayant sur le PNRI*, lancé en 2021, et qui, sur trois ans, vise à trouver des solutions pour pallier l'utilisation des NNI, avec le soutien de l'État. Il repose sur quatre axes de travail : mieux comprendre la maladie, trouver des solutions à l'échelle de la culture, à l'échelle de l'environnement et transiter vers un modèle économiquement durable.

Aujourd'hui, une trentaine d'acteurs planchent sur une bonne vingtaine de projets. Ils sont fédérés autour de fermes pilotes, dont une est située à Voves. Toutes les approches sont possibles. « La CGB est entrée dans le comité de pilotage du PNRI. J'en fais partie, précise Alexandre Pelé. C'est contraignant, il y a déjà eu cinquante réunions, mais très intéressant ».

La voie des odeurs

Deux de ces projets sont présentés ensuite. Ené Leppik, fondatrice d'Agriodor, présente le sien : « Nous travaillons à la manipulation des pucerons par les odeurs, les insectes naviguent dans un monde d'odeurs, explique-t-elle. Nous sommes sur le biocontrôle. Les médiateurs chimiques n'impactent pas l'environnement et sont d'une grande spécificité d'action ».

Selon elle, les insectes repèrent leurs cibles par les odeurs qu'ils captent avec leurs antennes. « Nous travaillons à créer des répulsifs ou des attractifs pour les piéger. Ces odeurs sont des médiateurs chimiques. Nous travaillons en labo mais très vite nous allons dans les champs. Nous avons testé cinq mélanges cette année et nous avons des résultats encourageants ».

La voie de la plante

Ensuite, Éric Dubert, directeur des activités betteraves de la société Maribo, décrit les recherches menées par l'entreprise semencière : « Notre objectif est d'être prêts pour 2024. Nous nous penchons sur l'introduction de gènes d'intérêts en combinant résistance et tolérance. La première génération d'hybrides partiellement résistants est née. Nous travaillons résistance et tolérance par croisement pour plus d'efficacité ». À ce jour, en cas d'infection, ces hybrides ont de meilleurs résultats que les variétés commerciales : « De génération en génération, nous espérons réduire la baisse de rendement. Nous allons progresser vite », promet Éric Dubert. Un vaste programme de production de semences est lancé.

En conclusion de cette table ronde, Alexandre Pelé revient sur la question du timing pour les planteurs. « Mais cet automne, il va falloir obtenir cette dérogation. Je ne conçois pas de débuter la campagne 2023 sans, alors que les prix sont en train de se redresser ».

Perspectives de croissance

Ce que confirme le directeur général de la CGB s'adressant aux planteurs : « Si vous avez eu des annonces de prix positives, elles auraient pu l'être encore plus. Nous sommes sur une situation de marché extrêmement positive, mais, il y a toujours un mais, il y a eu cette guerre en Ukraine, qui crée une tension sur le contexte engrais. La hausse du coût de l'énergie pèse sur l'équilibre de la filière. Il faut faire passer ces hausses aux acheteurs de sucre ». Néanmoins, selon lui, tirées par l'éthanol, les perspectives de croissance vont se poursuivre.

Ce qui permet à Alexandre Pelé de conclure ces travaux : « Avec la dérogation et les prix, il n'y a aucun risque à faire de la betterave. Nous allons continuer à œuvrer pour vous donner plus de visibilité ».


*Plan national de recherche et d'innovation.

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