Négoces
Cereapro s'adapte pour rester solide en période de crise
La hausse des coûts de l'énergie impacte le monde agricole dans son ensemble. Rencontre avec le président de Cereapro, Pierre-Antoine Foreau, pour comprendre comment s'adapte le négoce en ligne.
La hausse des coûts de l'énergie impacte le monde agricole dans son ensemble. Rencontre avec le président de Cereapro, Pierre-Antoine Foreau, pour comprendre comment s'adapte le négoce en ligne.
Fraîchement auréolée de son Trophée des entreprises, le négoce en ligne Cereapro évolue en ce moment dans un contexte inédit. Le point avec son président, Pierre-Antoine Foreau.
434 000 tonnes de céréales à rouler
« 20 % de notre activité concerne le réapprovisionnement : engrais, phytosanitaires, semences. La hausse du coût de l'énergie va impacter le transport. Plus de 400 000 tonnes de céréales, il faut les rouler. Cela représente 16 000 camions qui partent de nos clients vers les silos, les fabriques d'aliments, les usines. Le coût augmente la facture de 15 %, c'est gommé aujourd'hui par la hausse du prix des céréales qui suit celle du pétrole. Mais attention à l'effet ciseaux », prévient-t-il.
Si pour les céréaliers l'équilibre est maintenu, « la crainte est sur le moyen/long terme, quand on perd tout point de comparaison. La situation actuelle est totalement inconnue. C'est très difficile de se projeter », reconnaît Pierre-Antoine Foreau. Et cette hausse du prix des céréales rend la situation intenable pour les éleveurs…
Anticipation
Autre sujet de préoccupation pour Cereapro, la livraison des produits phytos. « Tout le monde anticipe beaucoup, les exploitants nous demandent même des tarifs pour le printemps, constate-t-il. Cela crée une tension. Et les fournisseurs ne nous donnent pas tous les produits que l'on devrait livrer aux agriculteurs… Il y a déjà une rupture en désherbant ».
« Mais la grosse problématique, ce sont les engrais, ce n'est pas une hausse mais une envolée. 400 euros/tonne, c'était déjà cher, mais à 800-900 euros, c'est difficile d'avoir une stratégie sûre. De plus, certains producteurs ont arrêté leurs usines. On se tourne de l'autre côté de l'Atlantique mais il n'y aura rien avant janvier. Ça commence à être tendu pour les livraisons, s'inquiète-t-il. Pour autant, chez nous, tout le monde aura de l'azote, nous nous sommes couverts pour tout ce qui a été commandé ».
Effet boule de neige
Cependant, pour Pierre-Antoine Foreau : « Il faut rester posé, ne pas se faire peur et projeter le prix d'équilibre avec la hausse des engrais. Le conflit russo-ukrainien pèse fortement sur le contexte à tous les points de vue, céréales, engrais et tout le reste. La campagne, selon les firmes, sera compliquée. L'atmosphère de pénurie engendre un effet boule de neige. La peur alimente la crise et la hausse des tarifs ».
« Notre challenge est d'adapter notre entreprise à ça, souligne le fondateur de Cereapro. Nous avons dû prendre beaucoup de virages et d'adaptations pour satisfaire nos clients. Trouver des alternatives sur des produits pas disponibles ou trop chers. Par exemple, nous n'avons jamais eu autant de demandes d'urée. Cette forme est la plus compétitive, elle a fait ses preuves et est plus disponible ».
Adaptation
Cette tension sur les produits conduit à des bouleversements des habitudes des agriculteurs : « La logistique est plus linéaire. Avant, les livraisons se faisaient de septembre à janvier, désormais il faut être capable de réceptionner à tout moment et être en capacité de payer, donc que les banques suivent… Dans ce contexte, il faut garder le bon sens paysan et la bonne humeur, prendre du recul, s'adapter à la situation. Tout le secteur est tendu, il faut faire attention aux relations humaines ».