Betteraves : Cristal Union annonce un prix record
La section Pithiviers-Toury de la coopérative Cristal Union a tenu son assemblée générale annuelle le 15 mai à Janville-en-Beauce (Eure-et-Loir), dans une salle de l'espace Thierry-la-Fronde bien garnie.
La section Pithiviers-Toury de la coopérative Cristal Union a tenu son assemblée générale annuelle le 15 mai à Janville-en-Beauce (Eure-et-Loir), dans une salle de l'espace Thierry-la-Fronde bien garnie.
La sensation de voir ses efforts enfin récompensés a parcouru l'échine de la salle Jean-Claude-Drouot à Janville-en-Beauce (Eure-et-Loir) mercredi 15 mai, tandis que se déroulait l'assemblée générale de la section Pithiviers-Toury de la coopérative Cristal Union.
Du jamais-vu
De fait, le président de la section, Olivier Duguet, a annoncé d'emblée en affichant un large sourire un prix de 51,42 euros la tonne de betteraves à 16 ° en moyenne au titre de la récolte 2023 : « Plus de 50 euros la tonne, c'est du jamais-vu. C'est un record qui fait la fierté de notre coopérative et qui vient clore le résultat d'une année exceptionnelle ».
Il poursuit : « D'année en année, les actions concrètes de notre coopérative pour améliorer l'intérêt de la betterave sur nos exploitations trouvent aujourd'hui un juste retour des choses à bien rémunérer les betteraves des planteurs qui ont conforté leur position de coopérateur cet hiver ». Olivier Duguet s'est réjoui également de l'augmentation de 20 % des surfaces betteravières sur le territoire de la section : « Ce qui signifie que la betterave trouve durablement toute sa place dans nos assolements ».
Le président de la section revient ensuite sur le déroulement de la campagne. Si le printemps et l'été ont été favorables au développement des betteraves, « la campagne d'arrachage a usé plus les hommes que les machines, du fait de pluies tenaces depuis octobre. Une réponse rapide de la coopérative a été nécessaire pour éviter une rupture d'approvisionnement de l'usine ». Aussi, l'accord tare/terre a-t-il été suspendu dans un premier temps puis levé pour toute la campagne par le conseil d'administration.
Jaunisse localisée
Il rappelle ensuite que la campagne a été marquée par la jaunisse : « Celle-ci s'est déclarée tardivement, essentiellement sur l'Eure-et-Loir, avec un impact hétérogène d'une commune à l'autre. Mais le préjudice est bien là et nous en mesurons toute l'importance pour les planteurs touchés ». Les services de la sucrerie se sont mobilisés pour assurer le suivi des parcelles et accompagner les adhérents dans leurs demandes d'indemnisation. Une centaine de dossiers ont été instruits.
Sur ce point, Olivier Duguet rappelle qu'il a fallu des manifestations et des tracteurs sur le pavé parisien pour obtenir la possibilité de faire cinq Movento : « Maigre consolation puisque ce n'était pas ce que nous avions demandé. Sans rentrer dans les détails, nous souhaitions simplement être à égalité avec nos partenaires européens qui ont encore accès, par dérogation, aux néonicotinoïdes. Pour la campagne en cours, je vous invite à être vigilants et à consulter l'OAD Cristal vigie pucerons ».
L'ensemble des élus
Après avoir parlé du lancement de la démarche RegAg (voir ci-dessous), le président de la section revient sur le souhait de Cristal Union de conforter la résilience de la betterave au sud de Paris : « Durant l'automne dernier, nous avons reçu à Pithiviers l'ensemble des élus de la région pour leur rappeler l'importance du secteur économique mené de front par les deux sucreries de Pithiviers et de Corbeilles, sans oublier le site de déshydratation de Janville ».
Après avoir rappelé son attachement à son conseil de section, il laisse la parole à Bruno Labilloy, le directeur agricole de Cristal Union, qui revient sur le problème de la richesse en sucre — « Nous n'avions pas vu ça depuis 15-20 ans » — et qu'il attribue aux pluies et à la cercosporiose, ou sur la force de la coopérative, capable de s'adapter aux circonstances.
Concernant les avancées du PNRI (Plan national recherche et innovation), si le spécialiste pointe que les variétés tolérantes arrivent, il relève qu'il n'y a rien d'opérationnel à court terme : « Mais des pistes intéressantes émergent, la prévision des risques qui analysent le vecteur virus, la gestion des réserves virales, les plantes compagnes, le biocontrôle… Un nouveau PNRI est lancé cette année, et nous sommes confiants que cela vienne compléter notre panel de solutions ».
Le président de Cristal Union, Olivier de Bohan, prend la parole pour dire : « Nous avons pris les décisions qui font que le résultat est ce qu'il est. On ne peut que s'en réjouir. Ce prix de la betterave permet d'encourager les gens qui sont là et de les récompenser. Il faut une bonne rémunération cette année mais il faut aussi assurer une forme de stabilité. D'où la création d'une caisse de péréquation, qui sera gérée par le conseil d'administration tous les ans. Nous y avons mis 50 millions d'euros. Cette année exceptionnelle nous permet de faire beaucoup de choses. La structure financière de Cristal Union est une structure solide pour l'avenir », conclut-il.
Réacteur nucléaire
La dernière partie de l'assemblée générale donne la parole aux planteurs. Ceux-ci s'interrogent sur une prise de participation avec Total dans un méthaniseur, sur le prix des betteraves des non-coopérateurs, sur le fait que la caisse de péréquation pourrait compenser les pertes dues à la jaunisse, sur les NBT… Il a même été question du mini-réacteur nucléaire (SMR) de la société Jimmy Énergie, qui pourrait être installé dans l'usine de Bazancourt pour accélérer la décarbonation de Cristal Union… Pour le moment, le dossier est à l'étude, principalement autour du sujet de la sécurité. À suivre donc.
Rendement
Le rendement sur la zone Pithiviers-Toury ressort à 88 t/ha de betteraves à 16 °, en hausse sur la moyenne 5 ans, mais la richesse (17 %) est basse du fait d'un automne humide et de la présence de cercosporiose en fin de cycle. En bio, le rendement à 16 ° est bon avec 48 t/ha.
RegAg ou l'agriculture de régénération
« La décarbonation est un sujet qui s'impose à nous. Les industriels sont très demandeurs et tapent à notre porte », souligne Bruno Labilloy. Ainsi, après avoir adhéré à Pour une agriculture du vivant (PADV) il y a cinq ans, Cristal Union franchit une étape cette année en se lançant dans l'agriculture de régénération avec la démarche RegAg. Il s'agit d'aller chercher de l'argent auprès de ces industriels afin de compenser collectivement les leviers mis en place par les agriculteurs. « Nous espérons multiplier ces sommes par trois », relève le directeur agricole qui précise que la coopérative a fait le choix de travailler avec l'ensemble de ses adhérents. Un questionnaire leur a été envoyé et deux tiers ont répondu. Rien ne sera prélevé sur la valorisation commune de la betterave pour compenser ces pratiques car dans certaines régions, ces leviers sont parfois difficiles à mettre en place. Cette réduction des émissions de gaz à effet de serre passe par le maintien de couverts végétaux et la gestion des engrais azotés. Au sein de Cristal Union, la décarbonation passe également par l'utilisation des pulpes pour générer de l'énergie ou par la volonté de parvenir à une autonomie complète en eau. Cristal Union dit être sur la trajectoire pour atteindre les objectifs de 2030.
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