Tour de plaine
Au secours, la pluie revient !
Après dix petits jours sans pluie, les intempéries sont reparties de plus belle, provoquant par endroits des ruissellements. Les exploitants craignent les effets de ces pluies incessantes sur les cultures. Tour de plaine.
Après dix petits jours sans pluie, les intempéries sont reparties de plus belle, provoquant par endroits des ruissellements. Les exploitants craignent les effets de ces pluies incessantes sur les cultures. Tour de plaine.

Les agriculteurs s’inquiètent des conséquences des précipitations continues sur leurs cultures. Nous dressons ici un état des lieux en Île-de-France ouest par département.
Yvelines
Les Yvelines sont sans conteste l'un des départements les plus touchés par le problème. « La plaine n'est pas très belle, pour moi, c'est pire que l'année dernière », constate Thierry Mulot, le conseiller technique Chambre du Cercle de Dourdan/Limours. À cause des excès d'eau dans ce secteur, toutes les parcelles n’ont pas pu être semées comme prévu. « On se réoriente vers des orges de printemps, du maïs, du sarrasin », explique-t-il. Quand les semis ont pu être effectués, les implantations ne sont pas très bonnes. Thierry Mulot estime à 40 % la proportion de surfaces impactées. Seul le colza semble moins souffrir.
Christophe Daullé, le conseiller technique du Cercle de Houdan/Rambouillet, partage ce constat. « Si la situation dans le secteur de Houdan n’est globalement pas catastrophique, celle de la plaine de Rambouillet et de certains secteurs argileux est plus compliquée. On constate déjà des parcelles dont le potentiel est compromis avec par exemple en blé, des densités de pieds levés au m2 parfois très hétérogènes (120-150 pieds/m2, des trous et des manques à la levée dûs à l’hydromorphie, aux limaces…). Les colzas semés courant août s'en sortent mieux au niveau peuplement, mais maintenant l’hydromorphie de sortie d’hiver va être déterminante pour cette culture… Il est temps de fermer le robinet ! ».
Autre point positif pour le colza : « Il n'y a pas de gros problèmes d'altises pour le moment », souligne Benoît Savalle, conseiller technique du Cercle Bréval-Limay. De manière générale, dans cette zone géographique, les semis ont été effectués à 90 %, mais pas forcément dans de bonnes conditions. « Le potentiel sera réduit cette année. Nous partons hélas sur de mauvaises bases », constate-t-il.
Val-d'Oise
Dans le nord de la région, les sols sont, là aussi, gorgés d'eau, notamment à proximité de la rivière Oise, avec des phénomènes de remontées de nappes, de débordements dans toute la vallée. La conséquence ? « Les cultures ont souffert et n'ont pas un gros développement végétatif. Les levées sont hétérogènes. Les sols sont tassés et asphyxiés », détaille Stéphane Boulet, le conseiller technique Chambre du Cercle du Pays de France, qui s'inquiète de voir certains exploitants essayer de finir les labours dans des sols non ressuyés.
Essonne
En Essonne, la situation semble plus favorable. Certaines cultures sont bien implantées. Les difficultés concernent surtout des blés précédent betteraves semés tardivement, après le 15 novembre, dans des terres asphyxiées. « Dans ces parcelles, environ 30 % de ce qui a été semé n'a pas levé », constate Emmanuel Griard, le conseiller technique Chambre du Cercle Étampes-Méréville. Il faudra sans doute défaire et ressemer soit du blé, soit de l'orge, pour ne pas se retrouver avec des blés au potentiel très bas (moins de 100 pieds au mètre carré). « Si l'exploitant souhaite ressemer du blé, il faudrait le faire le plus tôt possible, début février par exemple. Pour l'orge, cela peut attendre fin février, début mars », ajoute-t-il. Ces situations ne s'appliquent qu'à un petit pourcentage d'agriculteurs du secteur. Pour la très grande majorité, les parcelles sont dans un état satisfaisant, même si les cultures ont été gênées, du fait de l'excès d'eau, par les traitements phytosanitaires (parcelles décolorées).
Une trésorerie tendue
De l'avis général, l'inquiétude est forte sur les conséquences économiques de ce démarrage difficile. Alors que les charges ont augmenté (engrais, mécanique, etc.), les rentrées d'argent ne seront probablement pas à un niveau satisfaisant en 2025, avec des rendements attendus au mieux moyens. Les exploitants sont « éteints », « démoralisés », constatent certains conseillers. Tous attendent avec une impatience grandissante que la pluie s'arrête enfin, pour essayer de renverser la tendance.