Édito
Charles Perdereau : « Assises de l’eau : noyer le poisson fera déborder le vase »
Le président de Jeunes agriculteurs Centre-Val de Loire, Charles Perdereau, prend la parole.
Le président de Jeunes agriculteurs Centre-Val de Loire, Charles Perdereau, prend la parole.
Après l’envoi d’une missive cosignée des présidents de Jeunes agriculteurs Centre-Val de Loire, Charles Perdereau, et de la FNSEA CVL, Arnaud Lespagnol, à l’endroit du conseil régional les deux syndicats majoritaires ont enfin été mis autour de la table pour évoquer l’organisation des Assises de l’eau qui se tiendront à Tours (Indre-et Loire) le 7 novembre prochain. Charles Perdereau revient sur ce sujet.
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« Par courrier en date du 5 octobre, nous avons interpellé le président du conseil régional en lui témoignant de notre étonnement vis-à-vis de l’engagement soudain de la collectivité sur la question de la ressource en eau alors même que des missions de service public, dont la gestion de la Dotation jeune agriculteur, ne sont pas correctement menées. Ce courrier a donné lui a un temps d’échanges mardi 17 octobre avec plusieurs membres du Conseil économique, social et environnemental régional (Ceser) et la vice-présidente de la Région chargée de l’agriculture, Temanuata Girard. Les deux chambres, la première consultative et la seconde délibérative, se sont longuement attardées sur la méthodologie et le compte rendu de leurs rapports parus sur la question de l’eau. Si nous avons été plutôt rassurés par la vision du Ceser, nos interrogations demeurent s’agissant du conseil régional. La collectivité n’a pas été en capacité de nous expliquer pourquoi nous n’avons pas été associés au préalable. Curieusement, nous sommes auditionnés une fois notre courrier réceptionné. S’il est avancé que les chambres d’Agriculture et les filières ont été auditionnées, nous nous demandons toujours pourquoi un régime d’exception nous a été réservé. N’en déplaise, nous représentons une large part de la profession en région qui s’impatiente et s’agace. Nous souhaitons maintenir le dialogue en participant à ces assises mais noyer le poisson fera déborder le vase.
Des actes forts attendus
Au cours de cette visioconférence, nous avons objectivé le débat en apportant quelques données administratives et agronomiques qui témoignent des changements de pratiques dans le monde agricole. Nous affirmons que l’agriculture est l’un des secteurs économiques le plus concerné et impliqué sur la gestion partagée de la ressource. Le partage de l’eau et les solutions pour l’économiser, la réutiliser et la stocker sont des enjeux de territoire, parfois très localisés. Nous avons notamment souligné le très faible investissement public pour économiser la ressource et mieux la revaloriser après usage. Nous avons aussi insisté sur l’irrigation : c’est une forme d’assurance pour l’agriculteur et un levier de création de biodiversité et d’îlots de fraîcheur ponctuels en surface. De même, rendre fonctionnelles des zones humides existantes mais dégradées ou encore développer le stockage de l’eau participeront à cette mutation agricole. Si le conseil régional souhaite rendre l’irrigation plus efficiente, nous lui suggérons de réinterroger tous les dispositifs de soutien à l’investissement pour que le matériel devienne plus performant, que les outils d’aide à la décision soient généralisés, la recherche variétale encouragée et la question du stockage, un défi partagé plutôt qu’un slogan révolutionnaire.
Les agriculteurs, pas seulement les 6 500 adhérents que les deux réseaux représentent, exigent une consultation pragmatique et volontaire. Nous demandons des actes forts et accueillons ces assises avec une méfiante expectative tant les déconvenues avec la collectivité régionale sont nombreuses. Désormais, nous ne lâcherons rien sur nos insatisfactions concernant la DJA. Un JA ne croit que ce qu’il voit ! »