#agridemain : « démystifier » l’image de l’agriculture
Déformée et dépassée, la vision que le grand public se fait de l’agriculture ne correspond pas aux réalités, estiment les membres de la nouvelle « plateforme » #agridemain, lancée le 1er février. À l’initiative des « principales organisations professionnelles » (APCA, Coop de France, FNSEA, Gnis…), cette communauté d’agriculteurs a décidé de lifter l’image de l’agriculture. Elle ambitionne de passer d’environ 150 à 1 000 ambassadeurs d’ici trois ans.
Il aura fallu plus de dix-huit mois de travail aux onze organisations agricoles à l’initiative d’#agridemain pour lancer la plateforme. Constatant le manque de cohérence dans la communication des différentes filières agricoles, les membres d’#agridemain ont décidé de s’emparer de cet enjeu : celui de redorer l’image de l’agriculture auprès du grand public. Farre, le Forum des agriculteurs responsables respectueux de l’environnement, a présenté le 1er février la genèse et les ambitions du projet.
Selon les résultats d’une étude BVA, réalisée en 2014 en préalable du lancement du projet #agridemain, les visions du grand public et des agriculteurs sur l’agriculture sont profondément divergentes, les Français étant encore focalisés sur « le fantasme d’une agriculture bucolique » (voir encadré). Face à ce constat, les acteurs du monde agricole ont conclu qu’il était temps de « démystifier les clichés », « reconnecter l’image que le grand public se fait de l’agriculture avec la réalité » et « réaffirmer les atouts stratégiques du secteur agricole français ». Et qui mieux que les agriculteurs pour communiquer sur le sujet ?
1 000 agriculteurs promoteurs de leur métier
Ainsi, sur le modèle de l’Artisanat, qui lançait en 2009 une grande campagne de réhabilitation des métiers manuels alors mal vus par le grand public, l’agriculture veut promouvoir une image plus juste et plus moderne. Pour ce faire, la plateforme souhaite créer et animer une communauté de 1 000 ambassadeurs qui pourront user de multiples moyens pour communiquer vers le grand public. « Nous voulons faire de la communication 360° », explique Luc Smessaert, président de Farre et coordinateur de la plateforme, c’est-à-dire « ouvrir nos fermes à nos voisins, aller dans les écoles » ou pour les citadins loin des campagnes, « réaliser des vidéos » qui pourront être diffusées via les réseaux sociaux.
Parler vrai, en cohésion
Au-delà des outils, #agridemain s’est fixé un axe de communication : « parler vrai ». Un objectif qui semble avoir touché les premiers ambassadeurs. Aurélie de Benoist, agricultrice dans l’Aisne, expliquait le 1er février le pourquoi de son engagement : « A 8 ans, mon fils est rentré de l’école en me disant “Maman, tu pollues” ». Elle a alors décidé de lui expliquer, à lui et à ses voisins, qu’elle a « un super-métier » qui marie des dimensions « économiques, sociales et environnementales ». Elle a par ailleurs été séduite par ce concept de communication globale, où « personne ne tire la couverture vers sa filière ».
Trois ans pour défaire les préjugés
La campagne devrait durer trois ans, selon Luc Smessaert. Il sera alors temps de relancer un sondage auprès du grand public pour constater si l’opération a porté ses fruits et si l’image de l’agriculture a évolué dans les esprits des Français. Dans l’artisanat, expliquait Antoine Monnin, directeur du fonds national de promotion et de communication de l’artisanat, le 1er février, la campagne a été probante : en 1999 seuls 23 % des parents disaient encourager leurs enfants à s’orienter vers l’artisanat, contre 62 % en 2015.
Agriculteurs et grand public : une vision bien différente de l’agriculture
Selon une étude menée par BVA en 2014 sur 1005 Français et 600 chefs d’exploitation agricole, 6 Français sur 10 ont une « très bonne opinion » de l’agriculture. Chez les agriculteurs, seuls 34 % sont du même avis. Si 54 % du grand public estiment bien connaître le métier d’agriculteur, les exploitants pensent à 90 % que les Français ne connaissent pas bien leur métier. La moitié des Français reconnaît d’ailleurs mal connaître les modes de production. Par ailleurs, alors que 85 % des agriculteurs estiment que leurs modes de production sont raisonnés, seuls 25 % du grand public confirment ces propos.