Conjoncture
AGPB : un tour complet d'actualité sur fond de profonde inquiétude
Dans le cadre de sa tournée des régions, l'Association générale des producteurs de blé a accueilli les agriculteurs franciliens dans ses locaux parisiens le 7 avril.
Dans le cadre de sa tournée des régions, l'Association générale des producteurs de blé a accueilli les agriculteurs franciliens dans ses locaux parisiens le 7 avril.
La tournée régionale de l'Association générale des producteurs de blé (AGPB) a de nouveau pu se tenir en présentiel pour cette édition 2022. C'est donc jeudi 7 avril, dans ses locaux parisiens, que la structure a reçu les agriculteurs franciliens pour un point complet d'actualité.
La matinée a été introduite par le président de la FRSEA Île-de-France et membre de l'AGPB, Damien Greffin, qui a dressé un constat sans appel : « La guerre vient malheureusement nous réaffirmer nos convictions et nous montre aujourd'hui que notre combat est juste et audible. Les messages que nous répétons depuis des années prennent sens tout à coup ».
À ses côtés, le président de l'AGPB, Éric Thirouin, et son secrétaire général, Philippe Heusèle, ont alors entamé un éclairage complet des problématiques rencontrées actuellement par le monde céréalier français.
Pac 2023
Sur la future Pac, Éric Thirouin a d'abord pointé du doigt le positif : « Le budget est préservé. C'est la première réforme depuis 1992 où l'on ne se prend pas un coup sur la tête. On aboutit à quelque chose de plutôt cohérent ». Le président de l'AGPB a alors nuancé son propos en détaillant les différentes voies d'accès à l'éco-régime : les pratiques agricoles avec un système de permis à points, les certifications ou les Infrastructures agro-écologiques (IAE). « J'encourage les agriculteurs à s'orienter vers la certification, a martelé Éric Thirouin. Certes cela représente un peu de paperasse mais c'est la seule voie qui soit dans une vraie démarche de production ! ».
Green deal
Les élus de l'AGPB ont ensuite évoqué le Green deal dont les objectifs de réduction de 50 % des phytos et de 20 % de l'azote impacteraient notamment très fortement les productions françaises. « Nous estimons que les rendements chuteraient de 49 % et la production de 15 %, estime Éric Thirouin. Parallèlement, les prix de l'alimentation augmenteraient fortement, les revenus des agriculteurs chuteraient, les importations augmenteraient tandis que les exportations s'effondreraient ». L'AGPB souligne qu'elle n'est pas opposée aux grands enjeux du Green deal mais qu'il est aujourd'hui indispensable de prendre en compte la nécessité de la souveraineté alimentaire. « Le mieux de demain ne se fait pas en arrêtant d'être agriculteur », a tranché Éric Thirouin.
Assurance, carbone, ZNT…
L'avenir de l'assurance climatique a été détaillé avec une programmation sur trois ans qui donnera désormais accès au monde des grandes cultures aux calamités agricoles sous forme d'un fonds de solidarité nationale. Celui-ci sera activable dès 30 % de pertes sur les cultures où l'offre assurantielle n'existe pas et 50 % pour les autres.
Au sujet de l'enjeu carbone, Éric Thirouin a présenté « un marché en cours de structuration selon trois axes » et le développement à venir d'un organe dans chaque région française sous le nom de FC2A.
Éric Thirouin a également précisé que l'AGPB œuvre quotidiennement sur les sujets liés à la défense des moyens de production (glyphosate, néonicotinoïdes, plan pollinisateurs, ZNT…), avant de proposer un point de situation sur la crise Russie-Ukraine. « Les prix des intrants et du pétrole s'envolent et appellent à la plus grande prudence quant aux résultats des céréaliers français. Nous craignons l'effet ciseaux. En 2022, les résultats sont plutôt favorables mais l'inconnue est immense pour 2023 », a souligné le président avant de projeter une simulation incluant plusieurs niveaux de prix des céréales couplés à plusieurs niveaux de prix des intrants : « En 2022, compte tenu du prix des intrants, il faudra se situer entre 205 et 250 euros/tonne pour une rémunération globale correcte. C'est à peu près les prix actuels, la situation ne m'inquiète pas. En revanche, pour 2023, si les prix des intrants continuent d'exploser, notre simulation montre qu'il n'y a pas de situation favorable sous la barre des 250 euros/tonne. J'appelle donc à la vigilance sur la gestion de vos exploitations et vos investissements ».