AG de la FDSEA : Radio Plaine a séduit
L’assemblée générale de la FDSEA Île-de-France s’est tenue le 24 mai à Palaiseau (Essonne) sous une forme inédite.
Evénement annuel du syndicat francilien, l’assemblée générale de la FDSEA Île-de-France s’est déroulée jeudi 24 mai à l’EDF-Lab de Palaiseau (Essonne). Pour la première fois, celle-ci avait été organisée sur une journée complète avec la partie statutaire le matin (rapport financier, rapport du commissaire aux comptes, vote des résolutions et rapport d’activité), suivie d’un déroulé inédit l’après-midi puisque la FDSEA a donné naissance à Radio Plaine. Ainsi, quatre tables rondes avaient été préparées sous la forme d’émissions radio ponctuées de jingles, de publicités et de paroles aux auditeurs (comprendre : à la salle).
Radio Plaine, animée par la journaliste Anne-Sophie Lesage, a débuté par une émission consacrée à la compétitivité agricole. Plusieurs experts ont apporté un éclairage sur le sujet parmi lesquels le directeur général d’Agritel, Michel Portier, l’économiste Sébastien Abis ainsi que la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert.
Cette dernière a d’ailleurs participé à l’ensemble des débats et a largement justifié de l’action du syndicat national face à des critiques parfois cinglantes des adhérents.
Modèle agricole et politique régionale
S’est ensuivie une deuxième émission radio, cette fois consacrée au modèle agricole. Une première table ronde a permis de dresser le constat d’une agriculture en perte de compétitivité qui doit se réinventer. Pour témoigner notamment, Michel Portier, ainsi que le chef du service Agronomie de la chambre Christophe Dion, le président de Groupama Paris/Val-de-Loire Daniel Collay, et la député (LREM) de l’Essonne Amélie de Montchalin. À la suite, une autre table ronde s’est formée pour évoquer les alternatives naissantes. Filières courtes, agriculture bio et/ou urbaine ont été décryptées par les présidents des commissions Bio et Agriculture urbaine de la FDSEA, Thierry Guérin et Pierre Bot, ainsi que la chef du service Économie et filières de la chambre, Élise Simon.
Enfin, la troisième émission était consacrée à la politique agricole régionale. Grâce à l’éclairage de la présidente de la Région Île-de-France, Valérie Pécresse, entourée des représentants de la profession agricole francilienne, Damien Greffin, présient de la FDSEA Île-de-France, Christophe Hillairet, président de la chambre d’Agriculture de région, et Frédéric Arnoult, président de Jeunes agriculteurs région Île-de-France, il a été question du Pacte agricole mais également de la nouvelle chambre de région, de la Pac et de la métropole du Grand Paris.
Marine Guillaume
Région
150 M€ pour le pacte agricole
Invitée de la dernière table ronde de l’assemblée générale, la présidente de la Région, Valérie Pécresse, a dévoilé les grandes lignes du pacte agricole soumis au vote ces 31 mai et 1er juin. Installation, foncier, innovation, énergies renouvelables, agriculture biologique... « Soyez assurés que la Région est main dans la main avec l’agriculture francilienne et ce sont cent cinquante millions d’euros d’ici à 2022 que le conseil régional s’apprête à voter. Cela signifie trente millions d’investissement par an, soit plus que le triplement du budget ».
En marge de cette annonce, Valérie Pécresse s’est engagée à ce qu’il soit exclu que les bus franciliens roulent avec du carburant composé d’huile de palme.
Rapport moral
Damien Greffin : « Nous n’avons plus rien à perdre »
À l’issue de la journée, le président de la FDSEA Île-de-France, Damien Greffin, a prononcé son rapport moral. L’élu francilien n’a pas mâché ses mots. « La situation est compliquée et se complique. Inquiet, je le suis, a t-il commencé par expliquer. Les aléas climatiques y sont pour quelque chose mais nous évoluons aussi dans un contexte économique délicat depuis 2013 ». Évoquant la négociation de la future Pac, il a alors fait savoir que la profession « exige qu’un montant d’aide plancher soit créé afin que personne ne puisse descendre en dessous de 250 euros/hectare ».
Damien Greffin a ensuite évoqué l’environnement « le nouveau Dieu », le libre-échange « qui permet l’importation de productions ayant recours à des produits interdits chez nous » et la problématique plus récente de l’huile de palme qui s’invite dans la composition du biocarburant au détriment du colza. « Tout cela ruine l’agriculture et va nous faire disparaître », a t-il prévenu avant de lancer une diatribe contre les médias qui pratiquent l’agribashing et la culture de la peur. « Les médias porteront la responsabilité de la mort de l’agriculture française. Les mots ont du sens pour nous et quand nous arrivons à des situations de jets de pierre sur des pulvérisateurs, j’appelle cela de la lapidation ».
Le président de la FDSEA a ensuite eu des mots fermes : « Tout est fait pour que la compétitivité agricole soit réduite à néant, les contraintes sont insoutenables et la ligne rouge est aujourd’hui franchie. Le champ de la bataille syndicale est posé : nous ne risquons plus l’échec mais la disparition. En d’autres termes, nous n’avons plus rien à perdre ».
Damien Greffin a toutefois conclu son propos avec une note d’espoir, remerciant la Région Île-de-France et sa présidente Valérie Pécresse pour son implication et son soutien au monde agricole. L’élu a formulé le vœu que cela redonne son essence première à l’agriculture : l’esprit et la liberté d’entreprendre.