Agriculteurs en colère
Acte 3 : une marche de protestation dans Paris
Après avoir retourné les panneaux d’entrée des communes à l’automne dernier pour signifier que l’agriculture marche sur la tête, organisé des barrages filtrants et bloqué les autoroutes fin janvier, la colère des agriculteurs n’est toujours pas retombée. Ils avaient prévenus dès le 1er février, suite aux annonces de Gabriel Attal : sans une vision claire des mesures, ou à minima un calendrier précis, certains points nécessitant du temps, ils se remobiliseraient dans le cadre du salon de l’agriculture, grande vitrine du monde agricole. Si tous reconnaissent que des avancées existent, la mise en place des mesures ne va pas assez vite et des points restent sans réponse.
L’annonce de l’invitation des Soulèvements de la terre au grand débat organisé en présence de Emmanuel Macron et des acteurs des différentes filières le jour de l’ouverture du Sia a contribué à faire repartir violemment l’incendie dans les campagnes.
Ainsi, de nombreux exploitants agricoles venus de toute la France se sont retrouvés, à l’appel de la FNSEA et de JA, le vendredi 23 février à la sortie du métro Sèvres-Lecourbe pour se rendre à pied porte de Versailles à la veille de l’ouverture du Salon de l’agriculture et de la visite du président de la République. Le cortège de manifestants, précédé de 14 tracteurs, représentant chacune des régions, a été largement applaudi et supporté par les parisiens à l’image de sondages. Selon ces derniers, 90 % de la population soutien ce mouvement dont les revendications concernent en partie de nombreux autres secteurs d’activité. Dans le cortège, les manifestants, équipés de sifflets, ont revêtu des tee-shirts blancs « On marche sur la tête » écrit à l'envers au dos et à l'endroit devant, et allumé une torche par région.
Présent dans la soirée, le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, est revenu sur l’annonce de l’annulation du débat, auquel la FNSEA refusait de participer en présence des Soulèvements de la terre. « Nous sommes tous différents mais nous portons le même combat pour défendre l’agriculture française et trouver un chemin commun. Cela toujours en responsabilité, même si je sais que certains ne croient plus en la parole publique. J’assume que des paysans ont des choses à dire au président en face, mais jamais en présence de gens qui ont détruit nos outils de production. Nous ne sommes pas des girouettes. On est responsable ».
Et de poursuivre, « le salon est notre vitrine pour expliquer à nos concitoyens que nous sommes prêts à négocier mais si et uniquement si nous sommes respectés » avant que les sifflets ne reprennent à l’annonce de la venue du Président samedi matin. « Il a besoin d’exprimer ce qu'il porte comme ambition pour l‘agriculture. Il y a le traitement des politiques mais il y a aussi la convivialité, les produits, les concours… La salon est aussi la fierté de notre pays ».
La soirée s’est poursuivie dans la convivialité autour d’un barbecue géant où se mêlaient quelque parisiens venus soutenir la profession. Des panneaux d'entrée de villages, un clin d'oeil à la première action, ont également été installés sur les clôtures du parc des expositions. Certains manifestants ont même passé la nuit sur la place en attendant l’arrivée du président le lendemain matin (voir Une inauguration sous très haute tension).