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500 agriculteurs excédés devant les grilles de la DRAAF

« On a besoin de pain et pas des discours de brioche ». Retour sur la mobilisation sévèrement gazée du mercredi 14 septembre à Orléans.

© FDSEA 45

Malgré les alertes, les écrits, les rendez-vous pour expliquer et démontrer l'ampleur de la crise, les réponses aux demandes de la Profession ne viennent pas. Mardi 14 septembre, le réseau FRSEA-JA Centre, a donc décidé de dire «stop à l'immobilisme» et a lancé un appel à mobilisation devant la DRAAF à Orléans.

Ils étaient cinq cents agriculteurs de toute la région rassemblés pour demander à l'Etat un accès facilité aux prêts de trésorerie par des garanties bancaires négociées collectivement, le dégrèvement total de la taxe foncière sur les propriétés non bâties pour alléger les charges, un soutien exceptionnel de l'Union européenne, l'abondement d'un fond pour la prise en charge partielle d'intérêt d'emprunts ou de restructuration des prêts ainsi qu'un soutien de la MSA afin de prendre en charge les cotisations de certains exploitants.

Grave crise

«La totalité de nos exploitations seront déficitaires cette année. En juin, le Ministre de l'agriculture est venu constater nos dégâts, depuis que s'est-il passé : Rien ! Nada ! La coquille est vide et au contraire on continue de charger la barque», commence par s'insurger Cédric Benoist, président FDSEA 45, lors de son discours d'accueil des manifestants.

C'est ensuite au tour de Baptiste Menon, président JA 45 de prendre la parole : «Comment dire à nos enfants et à nos femmes que les vacances ça ne sera pas encore pour cette année ? Que dire à l'exploitant qui a perdu en moyenne 80 000 euros ? Et le renouvellement des générations dans tout ça ?» lance-t-il en message de détresse. «J'espère que l'Etat va nous entendre et nous donner ce que l'on demande : vivre simplement de notre métier », conclut-il.

« Nous sommes là car nous avons l'impression que le gouvernement est autiste face à la crise agricole, déplore à son tour Cédric Raguin, élu JA Centre. «En septembre on nous a dit qu'il y aurait une pause réglementaire, qu'en est-il ? Le gouvernement est prêt à sauver le soldat Alsthom, mais nous ce n'est pas 400 salariés à sauver, mais des milliers ! », s'exclame-t-il.

«J'accuse...»

Puis au tour d'Eric Thirouin, président FRSEA, de scander : «j'accuse le gouvernement du déni face à la situation dans laquelle nous vivons». «Nous sommes à des rendements que nous n'avons jamais connu et en Région Centre nous avons perdu 1.2 milliards de chiffres d'affaires, soit trois ans de déficit en un an. La réponse du gouvernement : « rien » ! «Nous étions en phase d'obtenir un dégrèvement de l'ordre de 70 % pour la TFNB et on a appris la semaine dernière que la DRAAF ne souhaitait plus respecter les engagements du Préfet de Région. Comment pouvons nous être imposés alors que nous n'avons pas de revenu ? Rien n'est alloué à la MSA pour la prise en charge des cotisations. Rien n'est fait pour le Fonds d'allégement des charges. Nous sommes en train de crever ! », explique-t-il.

Nos efforts d'échanges et de dialogue restant vains, c'est donc logiquement qu'Éric Thirouin lance un ultimatum à Jean-Roch Gaillet, le directeur de la DRAAF : « je vous donne 10 minutes pour nous rejoindre et nous apporter des réponses, sinon nous scierons les barreaux et nous viendrons vous rejoindre dans votre bureau», annonce-t-il en brandissant une tronçonneuse à la main.

C'est à coup de bombes lacrymogènes que les présidents des FDSEA attendant le directeur de la DRAAF devant les grilles ont été aspergés !!!

«Nous, on est des paysans, on en a vu d'autres. On demande juste du pain pour se nourrir», peste Eric Thirouin ne parvenant plus à ouvrir les yeux suite à la violence du gaz lacrymogène envoyé par des forces de l'ordre peu disposées au dialogue.

Inadmissible

«Inadmissible, scandaleux, honteux,  lamentable!» scandent les agriculteurs alors que le directeur de la Draaf se présente devant les manifestants. « Cette manifestation n'est pas violente Monsieur le directeur », interpelle Eric Thirouin. « Nous voulons des réponses et pas des demies mesures».

Difficile dans ce contexte de garder son calme, comme en témoigne la réaction épidermique de Jean-Michel Gouache, président FDSEA 28 « Vous avez tout massacré  ce qui s'est fait en cellule de crise régionale, ce qui démontre votre incapacité à faire le travail. Je vous «pourrirai » ainsi toutes les réunions jusqu'à la fin de l'année ! ».

C'est ensuite avec une indifférence totale, que Jean-Roch Gaillet, explique que le dégrèvement total de la taxe foncière sur le non-bâti ne serait pas de 70 %, et que le taux appliqué serait de 60 % pour le Loiret, et bien moins pour les autres départements de la région.

«Ces chiffres sont inadmissibles, lamentables et scandaleux. Nous continuerons d'exiger un dégrèvement total et un report des échéances après la prochaine récolte », annonce Eric Thirouin pour finir « je compte sur vous pour mouiller la chemise au même niveau que la mienne a été mouillée aujourd'hui par les forces de l'ordre».

Place ensuite au défilé des bennes devant les grilles de la DRAAF, pour déverser des tonnes de déchets d'oignons, de pommes de terre et de fumier, devant des forces de l'ordre décidemment bien susceptibles, n'hésitant pas à renvoyer une nouvelle lancée de gaz lacrymogène devant des manifestants ébahis.

«Cette manifestation est la première d'une longue série, si ça ne bouge pas fin septembre on ressortira », annonce Cédric Benoist.

A bon entendeur...

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