Manifestation
200 agriculteurs devant le Conseil d'État
La FNSEA Grand bassin parisien a manifesté le 14 décembre devant le Conseil d'État pour dire son incompréhension et sa colère après l'avis rendu sur les Zones de non-traitement (ZNT).
La FNSEA Grand bassin parisien a manifesté le 14 décembre devant le Conseil d'État pour dire son incompréhension et sa colère après l'avis rendu sur les Zones de non-traitement (ZNT).
C'est un véritable coup de force que les agriculteurs ont mené mardi 14 décembre devant le Conseil d'État à Paris. Au petit matin, devant l'institution, près de 200 agriculteurs venus de tous les départements du Grand bassin parisien ont débarqué plaques de tôle, palettes, terre, paille et ont allumé un feu.
En l'absence des forces de l'ordre durant près d'une heure, les élus agricoles des différents départements ont pris le temps de s'exprimer. « Nous avons le sentiment que le Conseil d'État est devenu un deuxième gouvernement et notre incompréhension est totale vis-à-vis des décisions prises », a scandé le président de la FNSEA Grand bassin parisien, Damien Greffin, évoquant l'annulation par le Conseil d'État du décret sur les Zones de non-traitement l'été dernier. « Le principe de précaution est devenu un principe d'inaction et ces gens-là n'ont pas conscience de la proportionnalité de leur décision, a t-il ajouté. Avec le délai de prévenance, il faudrait contacter tous les riverains à chaque fois qu'on sort un tracteur. Mais y a t-il des gens qui savent de quoi ils parlent ? ».
68 gardes à vues
Après ce temps d'échanges, les manifestants ont été encerclés par les forces de l'ordre dans une atmosphère qui s'est rapidement tendue. Après plus d'une heure de face-à-face, 73 exploitants agricoles ont été interpellés et 68 ont été placés en garde à vue. Le motif invoqué serait le non-respect des sommations de dispersion, rapporte la FNSEA Grand bassin parisien. « Certes, on n'avait pas déclaré ce rassemblement, mais on n'a commis aucune dégradation, a expliqué Damien Greffin. On expliquait qu'on allait s'en aller vers 8 h 30 quand on a été encerclés puis arrêtés, pour vérifier nos identités ».
Dans un communiqué paru le 14 décembre vers 16 heures, la fédération menaçait de bloquer les axes routiers et les voies de chemin de fer dans la région dès le soir-même si les gardes à vue n'étaient pas levées. L’ensemble des départements de la FNSEA Grand bassin parisien avait relayé cet appel. Une menace mise à exécution dans certains secteurs dont Maule (Yvelines) et Étampes (Essonne). En Seine-et-Marne, dès 18 h 30, des tracteurs des secteurs de Provins et de Fontainebleau ont également mis ces menaces à exécution en organisant une opération escargot au niveau des ronds-points à l’entrée de ces villes.
La journée a finalement trouvé son épilogue peu après 19 heures avec la libération des derniers agriculteurs des départements du Nord bassin parisien retenus en garde à vue. Plusieurs d'entre eux ont témoigné de « situations dégradantes inacceptables sur le plan humain ».
Dans un communiqué paru en fin de journée, la chambre d'Agriculture de région Île-de-France s'est émue de la situation : « Les gardes à vues ont été pour bon nombre d’agriculteurs et responsables syndicaux humiliantes. Cette réponse policière semble démesurée, injustifiée et très sévère en comparaison d’autres actions plus violentes et haineuses vis-à-vis de la République ».
Les organisations syndicales sont, elles, abasourdies par la situation : « Les agricultrices et agriculteurs sont montés en toute confiance dans les véhicules de police, sans aucune résistance. Si les forces de police voulaient ''se faire'' le monde agricole, c’est réussi. Mais, la profession le répète : Cela ne les arrêtera pas dans la défense de leur métier ».