Viticulture : la confusion sexuelle gagne du terrain
Le Syndicat des vins de Vouvray, avec l’appui de Vitivini Val de Loire et BASF France, propose à ses adhérents la pose de diffuseurs Rak 1+2 mix, également homologués pour le bio.
Le jeudi 23 avril, sur le Domaine de Margalleau à Chançay (Indre-et-Loire), une vingtaine de vignerons a posé des diffuseurs sur un îlot de cinquante hectares. « Le coût reste encore élevé. C’est deux fois plus cher qu’une lutte chimique mais ce système permet de limiter les insecticides chimiques », confie Jean-Michel Pieaux, président du syndicat.
Cette année, sur les 150 vignerons adhérents, quatre-vingts utilisent des diffuseurs. Pour la première année d’utilisation par le syndicat, en 2013, trois cents hectares avaient été protégés par les diffuseurs. En 2014, c’était le double : six cents hectares confusés.
Cette méthode de confusion sexuelle chez l’eudémis et le cochylis — dont les larves ravagent les vignes françaises et européennes — a fait ses preuves, comme dans l’exploitation du lycée viticole d’Amboise (Indre-et-Loire) qui applique ce système depuis cinq ans maintenant. « Après avoir supprimé les acaricides depuis longtemps, nous voulions éliminer les insecticides. Les élèves, munis de gants — car cela reste un produit chimique —, mettent une demi-journée pour installer les capsules sur les vingt hectares. C’est une capsule tous les 20 m2, soit cinq cents diffuseurs par hectare », explique Frédéric Foumont, du lycée viticole.
Selon ce dernier, l’efficacité a été immédiate dès la première année : d’avril à septembre, les populations de ces papillons surnommés les « vers de la grappe » sont contrôlées grâce à ces capsules en plastique recyclable qui diffusent des phéromones de synthèse pour tromper les mâles.
« Il est important de développer un travail collectif pour que la méthode soit la plus efficace possible et de bien cercler les bordures pour réaliser une sorte de bulle de phéromones sexuelles », précise Dominique Carré, responsable commercial Indre-et-Loire Vitivini Val-de-Loire. La matinée de travail s’est terminée autour d’un verre de Vouvray méthode traditionnelle et d’un buffet campagnard dans une ambiance conviviale.
La méthode Rak existe depuis vingt ans. À ce jour, sur les huit cent mille hectares de vigne cultivés en France, trente-six mille sont protégés par ce système, soit 5 % de part de surfaces sur l’ensemble du territoire : 13 500 ha en Champagne-Ardennes, huit mille en Aquitaine, 5 500 ha en Languedoc-Roussillon, 2 500 en Rhône-Alpes et la même surface en Provence-Alpes-Côte-d’Azur, 2 200 ha en Pays de la Loire, 1 500 ha en Bourgogne, mille en Alsace, et trois cents en Charente.