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Une quinzaine en région pour tout savoir sur l’agriculture bio

Interview croisé d’Etienne Gangneron, président du groupe bio de la Chambre régionale d’agriculture Centre - Val de Loire, également président de la chambre d’agriculture du Cher et de Jean-François Vincent, président de Bio Centre. Cet événement va permettre de faire découvrir des filières dynamiques. Le premier est en mode bio sur son exploitation de polyculture élevage depuis 1997, le second en production de porcs et de moutons depuis 1987.

Etienne Gangneron.
Etienne Gangneron.
© Cécile Trémeau

Cette quinzaine de l’agriculture biologique en automne est une première pourquoi avoir organisé cette manifestation ?

Etienne Gangneron : L’idée est née au niveau de la chambre régionale de l’agriculture en lien avec Bio Centre. Nous avons souhaité une manifestation sur l’agriculture bio en complément du salon national Tech&bio qui se tient dans le Drôme. Il était nécessaire pour la Chambre régionale de proposer un tel événement qui se voudra être une véritable vitrine régionale de la bio.

Jean-François Vincent : Cette manifestation sur deux semaines complète celle qui se déroule en juin mais qui est davantage portée sur la communication au grand public. Cette quinzaine, qui débute le 21 septembre par un colloque  rassemblant de nombreux acteurs des territoires et responsables de collectivité, s’adresse à tous les publics, aux professionnels en conventionnel ou en bio, aux jeunes qui souhaitent s’installer, aux étudiants, à ceux qui veulent convertir leur exploitation, aux opérateurs de la bio, aux élus, à toute personne qui s’y intéresse. L’approche est technique et économique et permettra de nombreux échanges.

Où en sont les conversions en agriculture biologique en région Centre - Val de Loire alors que le ministère table sur un doublement des surfaces en bio d’ici 2017 ?

Etienne Gangneron : 4% de la SAU française est converti en agriculture biologique pour 24.500 producteurs bio en comptant ceux qui sont en pleine conversion. En région Centre c’est 1,8 % de la SAU, soit 850 producteurs sur 45.000 hectares, dont 7.800 ha dans le Cher, la région Centre se positionne au 12e rang national. C’est dans l’Indre-et-Loire que l’on compte plus d’hectares convertis, suivie par l’Indre et le Cher. Les conversions ont bien progressé depuis 2008 et ont augmenté de +4% depuis 2013. La région Centre se place au 3e rang national sur le nombre d’hectares en céréales bio, les protéagineux et les légumes secs au 6e rang, les vignes sont aussi bien placées, par contre la production animale est très loin derrière.

Jean-François Vincent : La priorité en région est de convertir des surfaces en grandes cultures, car c’est surtout dans ce domaine que la production française est déficitaire. Et si nous n’avons que 2% de la SAU en bio, nous sommes quand même la première région bio de toutes les régions de culture, avec la présence de plusieurs filières bien organisées. Nos estimations donnent environ 6000 ha de cultures et 2000 de prairies qui passent en bio en 2015, plus de la moitié étant dans le Berry. On va avoir une ferme bio régionale qui va ressembler un peu plus à la moyenne, alors que jusqu’à présent, les surfaces fourragères étaient plus représentées. 20% de surface en plus en un an, c’est un vrai défi à relever, technique pour les agriculteurs et commercial pour les filières, mais je suis confiant dans les capacités de celles-ci à pouvoir remplacer les imports, et dans le soutien réaffirmé des pouvoirs publics, comme celui du conseil régional à travers le Cap’conversion. Plusieurs facteurs expliquent ce boom des conversions en grandes cultures : la réforme de la PAC qui réorganise le régime des aides à l’agriculture, une réflexion des agriculteurs sur l’avenir de leur production, la volonté de s’affranchir du marché mondial, les impasses techniques qui se font jour. Cela s’ajoute au mouvement de fond qui sous-tendait les conversions depuis longtemps : la volonté de se rapprocher des consommateurs par des circuits plus courts, de limiter l’usage de produits phytosanitaires, de produire plus de qualité, d’avoir une meilleure rémunération de son travail.

Comment voyez-vous le développement de l’agriculture bio ?

Etienne Gangneron : en région Centre - Val de Loire l’agriculture est soutenue par les politiques et par les consommateurs. Ce qui permet aux exploitants agricoles de progresser dans les techniques culturales à l’alternative des produits chimiques. Par contre, il y a un manque de dynamisme pour la transformation et la commercialisation. La filière bio souffre d’un manque de transformateurs, alors que la transformation apporte de la valeur ajoutée. Outre que les céréales sert une autoconsommation importante dans les exploitations de polyculture élevage, et que Axéréal offre un débouché pour nos productions, ce n’est pas suffisant. Et pour le lait la région manque d’opérateurs.

Jean-François Vincent : On ne peut être qu’optimiste, car la confiance des consommateurs ne se dément pas, avec un marché qui continue à croitre d’environ 10% tous les ans, dans tous les milieux sociaux. Et cela malgré la crise. «Bio et local c’est idéal» est un peu le leit-motiv de Bio Centre. En effet les filières bio ont cette particularité d’être ancrées dans les territoires, producteurs, coopératives, transformateurs et distributeurs s’impliquent ensemble pour donner une visibilité aux filières. Bien sûr, on sollicite également les pouvoirs politiques pour poursuivre le développement des productions et pérenniser ces filières. La demande en produits bio est toujours aussi forte de la part du consommateur qui apprécie la qualité du produit et sa provenance locale. Les différents acteurs s’organisent pour répondre à la demande. Nos marchés sont en progression et les prix à la production ne connaissent pas la volatilité des cours du conventionnel. Les circuits de la distribution sont variés (GMS, magasins spécialisés, vente directe) et nous sommes plus à même de construire des filières partenariales grâce à la contractualisation. Nous avons un exemple en région Centre qui fonctionne bien avec «la filière porc bio Cœur de France» et Système U. Le prix du cochon au départ de la ferme est indexé sur le coût de l’aliment et la rémunération du travail de chaque opérateur est définie collectivement à l’avance. Le développement de la bio passera aussi par la restauration collective. Une convention appelée «du nouveau dans mon assiette» est signée entre des communes et les producteurs bio pour la restauration scolaire. Bien Centre en a déjà signé une quinzaine sur l’ensemble de la région, ça fonctionne bien.

...Voir dans notre journal nos 4 pages spéciales Quinzaine de la Bio en région

Ferme ouverte Loiret

Mercredi 23 septembre 2015 de 14h à 17h30, Ferme ouverte, chez Lydie Boussin, 3 impasse de la Croix du Colombier, 45210 Pers-en-Gâtinais. De la maîtrise des exigences techniques découle de bons résultats économiques. Lydie Boussin met à profit son expérience et s’attache à développer les échanges entre les producteurs conventionnels et bio.

Programme

• Présentation de l’exploitation
• Témoignage de l’agriculteur (techniques et outils de production, débouchés, rentabilité)
• Références économiques
• Présentation de la filière avicole et des débouchés
• Échanges avec les opérateurs économiques

Les échanges se poursuivront autour du verre de l’amitié.

GNUY1E5A_3.pdf (15.28 Mo)
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