Irrigation
Un lac comme réservoir
Dans l’Aube, les lacs réservoirs construits il y a une trentaine d’années pour limiter les crues de la Seine à Paris permettent d’alimenter les parcelles situées dans les vallées de l’Aube et de la Seine dans un volume loin d’être neutre. Il représente 40 % des prélèvements de l’ensemble du département.
Dans l’Aube, les lacs réservoirs construits il y a une trentaine d’années pour limiter les crues de la Seine à Paris permettent d’alimenter les parcelles situées dans les vallées de l’Aube et de la Seine dans un volume loin d’être neutre. Il représente 40 % des prélèvements de l’ensemble du département.
À l’origine, ils n’ont pas été conçus dans cet objectif. Pourtant, depuis le début des années 90, le lac Amance à l'est et le lac Temple à l'ouest, les deux composantes du lac-réservoir Aube situé en Champagne humide, permettent d’irriguer une partie des parcelles du département.
L’aménagement, conçu pour renforcer le débit de l'Aube en étiage et diminuer les risques d'inondation à l'aval, à Paris, constitue en effet une belle aubaine pour le monde agricole aubois.
« Bénéfice très clair »
« Ce que la profession demande aujourd’hui, ici dans l’Aube, cela a été fait il y a trente ans », soutient Dominique Clyti. Le président de l’Association des irrigants de l’Aube loue une solution que certains pourraient envier, alors que l’agriculture cherche par tous les moyens des alternatives au réchauffement climatique par le stockage de l’eau. « Le bénéfice est très clair, tranche l’agriculteur à Fontenay-de-Bossery. On a de l’eau constamment dans les vallées de l’Aube et de la Seine grâce aux deux réservoirs et aux relargages d’eau qui sont bien gérés ». L’Établissement public territorial de bassin (EPTB) Seine Grands Lacs assure en effet grâce à ces aménagements la protection et la prévention contre les inondations, et maintient un débit minimum de la Seine et de ses principaux affluents pendant les saisons les plus sèches. L’eau est prélevée naturellement des rivières et acheminée vers les lacs réservoirs pour y être stockée. Elle est ensuite reversée l’été quand les débits naturels des rivières sont très faibles, pour les augmenter. C’est à ce moment-là aussi qu’elle permet l’irrigation des cultures. À l’échelle du département, ce sont 40 % des 24 millions de m3 d’eau prélevés chaque année qui proviennent de ces réservoirs.
Prévoir d’autres réserves
Le résultat d’une gestion coordonnée entre l’EPTB et la profession agricole, qui a fait ses preuves, souligne Dominique Clyti : « Aujourd’hui ces aménagements ne permettent évidemment pas à tous les agriculteurs qui ont besoin d’eau de pouvoir en bénéficier. Ils créent aussi sur certains secteurs des zones où les prairies peuvent rester inondées plusieurs semaines en hiver. Mais ils montrent qu’il est possible de mettre en place des réserves pour retenir l’eau, sans sacrifier pour autant la biodiversité ».
Dans le département, des secteurs en tension comme les bassins de l’Herbissonne ou de l’Ardusson canalisent les discussions locales autour de la problématique de la gestion de l’eau. « S’il y a des réserves à installer, c’est à cet endroit », pointe le président des irrigants. Mais l’investissement, même supporté à plusieurs, reste colossal. « Techniquement c’est faisable, et cela fonctionne déjà dans d’autres départements », complète Dominique Clyti.
Capter l’eau excédentaire en hiver et la garder pour l’été suivant constitue l’un des points clé du Varenne de l’eau. Une problématique d’utilisation de la ressource qui, pour l’instant, fait encore débat.
Cet article fait partie d'un dossier Irrigation