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Sur le Plateau de Montréal
Aujourd’hui connu pour être le plus branché et le plus français des quartiers de Montréal (Canada), le Plateau-Mont-Royal est riche d’un passé ouvrier multiculturel.
Aujourd’hui connu pour être le plus branché et le plus français des quartiers de Montréal (Canada), le Plateau-Mont-Royal est riche d’un passé ouvrier multiculturel.
Le Plateau-Mont-Royal, dit « Le Plateau ». Jeune et cosmopolite, le quartier le plus réputé de Montréal est situé au nord du centre-ville, au pied de la colline qui lui a donné son nom : le mont Royal, ainsi baptisé par Jacques Cartier en 1535.
C’est d’abord le travail du cuir qui se développe dans cette zone inhabitée. En 1710, le français Bélair implante une tannerie sur une bande de terres où coule un ruisseau, dont l’eau permettra le traitement des peaux.
D’autres tanneries suivront, ce qui donnera naissance à un hameau d’ouvriers et d’artisans.
La zone s’urbanise vraiment à partir du milieu du XIXe siècle et s’organise en villages, plus tard absorbés par Montréal.
Des familles bourgeoises anglophones s’installent ainsi à Saint-Jean-Baptiste, tandis que Côte-Saint-Louis est peuplé de « pieds noirs », des ouvriers qui travaillent dans les carrières de pierre calcaire utilisée pour bâtir Montréal et ses environs.
Un hôpital et des lieux de culte sont construits, bientôt le tramway hippomobile relie cette jeune banlieue à la ville.
Début XXe, l’industrie du vêtement et les métiers de la viande prennent de l’essor autour de la manufacture Peck et des grands abattoirs de l’est. Le Plateau devient une plaque tournante de l’industrie de la fourrure.
Le Plateau prend son visage actuel — églises, écoles, parcs — au tournant du siècle et devient un quartier cosmopolite et animé.
Les emblématiques triplex apparaissent, ces maisons de pierre à trois niveaux pourvus d’un escalier extérieur en fer forgé.
De nombreux immigrants, surtout des Juifs d’Europe centrale qui fuient les régimes autoritaires, viennent grossir les rangs des ouvriers canadiens.
Sinistré à partir des années 60 à cause du départ de l’industrie, le quartier est peu à peu réanimé par l’installation d’une communauté portugaise, avant de devenir à la mode dans les années 80, en partie grâce aux Chroniques du Plateau Mont-Royal de Michel Tremblay.
Des artistes renommés, comme Lhasa de Sela ou le groupe Arcade fire, y font leurs débuts.
Les jeunes actifs s’y pressent, les expatriés français l’adoptent. Cafés branchés, ruelles fleuries et fresques murales se mêlent joyeusement aux bâtisses anciennes.
C’est un musée à ciel ouvert qu’on n’a jamais vraiment fini de visiter.