Stone mountain, concentré d’Amérique
Géologie, botanique, histoire, activités de plein air… À Stone mountain, l’un des lieux touristiques les plus visités de Géorgie (USA), il y en a pour tous les goûts.
Près d’Atlanta, en Georgie (USA), Stone mountain apparaît comme un étonnant mélange des genres.
De loin, c’est une montagne posée au milieu du plat.
Il y a trois cents millions d’années, la collision de l’Afrique et de l’Amérique du nord provoquait sous terre une remontée de roche fondue. Ce magma a refroidi et durci pendant encore quelques milliers d’années. Ce processus a formé du granite, une quinzaine de kilomètres sous la surface de la terre.
Le dôme de Stone mountain, c’est cette masse granitique, travaillée par l’érosion, qui culmine désormais à plus de 250 mètres au dessus de la plaine avoisinante.
Ce qu’on voit tout de suite quand on s’en approche, c’est l’immense bas-relief (trente sur soixante mètres) sculpté sur le flanc nord de la montagne.
Il montre trois leaders confédérés pendant la guerre civile. Ce conflit a opposé entre 1861 et 1865 les « Etats-Unis d’Amérique » aux « Etats confédérés d’Amérique » rassemblant onze Etats du Sud qui avaient fait sécession des Etats-Unis.
La sculpture a été imaginée en 1912 pour honorer la mémoire des confédérés. Sa fabrication commence en 1923 mais ne s’achèvera qu’en 1972, après une longue interruption due au manque de fonds et plusieurs modifications des plans initiaux.
Un sentier balisé et un téléphérique donnent accès au sommet du mont.
Là-haut, le paysage est stupéfiant. La roche blanche et nue, les petites mares au lit creusé par l’érosion, le silence, les silhouettes emmitouflées qui parcourent le lieu avec lenteur l’hiver… donnent presque l’impression d’être sur la Lune.
Mais les buildings d’Atlanta, au loin, et les Appalaches, par temps clair, ramènent sur Terre.
Ce sommet est chargé d’histoire : pendant des centaines d’années, les peuples amérindiens creeks puis cherokees s’y rassemblaient pour des cérémonies… avant que le gouvernement américain et l’Etat de Géorgie ne prennent possession de la montagne au début des années vingt.
Aspect peu reluisant : l’endroit est intimement lié au Ku Klux Klan. L’organisation suprémaciste blanche, interdite une première fois en 1877, fut en effet relancée fin 1915 en haut de Stone mountain.
Dans les années vingt, ce Ku Klux Klan moderne participa en grande partie à la collecte des fonds et à la construction de la sculpture des confédérés. En échange, il eut le droit d’organiser sur la montagne autant de manifestations qu’il le souhaitait.
Le Ku Klux Klan disparaît officiellement en 1944. Malgré les efforts de l’Etat de Géorgie pour faire oublier ce passé peu glorieux, le lieu reste encore aujourd’hui un symbole pour certains groupes nationalistes.
Stone mountain est aussi un site naturel protégé. Les pentes inférieures de la montagne sont boisées, et servent d’habitat à de nombreux oiseaux, insectes, fleurs, mousses, lichens… Certains spécimens très rares y sont recensés, comme le chêne de Géorgie ou l’hélianthe de Porter*.
Le site ne déroge pas au cliché de l’entertainment** et du consumérisme à l’américaine : on y trouve des magasins de souvenirs, des distributeurs de pop-corn, un parc d’attractions pour les enfants, etc.
Sans oublier de nombreuses activités sportives ou touristiques : à Stone mountain, on peut camper, pêcher, faire du golf, du vélo, du jogging, du patin et de la luge, découvrir une plantation d’avant-guerre, ou même voguer sur une réplique des bateaux à aube jadis utilisés sur le fleuve Mississippi.
Et l’été, on peut assister à un show de son et lumière projeté à flanc de rocher, qui rend hommage aux Etats confédérés et au pays réunifié.
*Helianthus porteri, aussi appelée « tournesol des confédérés » ou « marguerite jaune ».
**Entertainment : « divertissement », en anglais.
Photos : A. B., G. C., L. S