Quand les portraits de famille reprennent vie
Une lacune à combler ? Un rentoilage à faire ? A Versailles, Stéphanie Boudet-Rol restaure les toiles anciennes avec passion.
Comment devient-on restaurateur de tableaux ? Si les itinéraires sont multiples et pas toujours des plus classiques, le cursus de Stéphanie Boudet-Rol est complet.
Tout en passant un Deug d’histoire de l’Art à la Sorbonne, elle suit les cours de l’école privée parisienne Art et Avenir pour se spécialiser dans la restauration de tableaux anciens.
Un stage chez la grande spécialiste Michèle Henault la lance définitivement dans le grand bain. « J’ai réussi à trouver dans la foulée un emploi de salariée ; ce qui n’arrive jamais. C’est ce qui m’a permis de terminer ma formation pendant trois ans avec des professionnels. »
C’est pour des raisons familiales qu’elle décide de s’installer à Versailles : « je travaillais alors à Paris mais les allers-retours avec des enfants en bas âge n’étaient pas très pratiques. J’ai fait un courrier au maire François de Mazières pour lui indiquer que je cherchais un local. On m’a proposé cet atelier qui était en fait un ancien squat dans un état déplorable. »
Après de longs travaux, le commerce ouvre enfin ses portes en 2011 dans les Carrés Saint-Louis.
La clientèle est composé de marchands, de particuliers et de commissaires-priseurs mais ne compte pas d’institutions. « En Terminale, j’ai eu l’occasion de visiter les ateliers de restauration des monuments de France aux grandes écuries. Les artisans employés par l’Etat sont tous cantonnés à des tâches très précises : ils font du support, du nettoyage, de la retouche, etc. Moi, ce que j’aime, c’est tout faire de A à Z. Et la boutique me permet de croiser les gens, d’échanger avec eux. »
Elle souligne le côté médical et presque intrusif de son travail : « Parfois les clients s’excusent de m’amener un tableau non signé, qui n’a presque selon eux aucune valeur. Ce sont des portraits d’ancêtres, des tableaux qui étaient accrochés chez les grands-parents et auxquels on tient comme s’il s’agissait d’un membre de la famille ».
Stéphanie Boudet-Rol privilégie les peintures à l’huile et ne facture jamais ses devis estimatifs.
Un examen minutieux lui permet d’établir les restaurations à venir : « je préfère voir le tableau de visu, sur photo c’est compliqué d’autant qu’elles rendent souvent l’oeuvre mieux qu’elle n’est réellement... »
Elle n’a pas d’époque préférée. Seule une jolie peinture avec une belle préparation et un joli vernis la fera vaciller. « S’attaquer à des tableaux déjà lourdement restaurés est plus compliqué. Heureusement les retouches que nous effectuons sont désormais réversibles. Un coton d’acétone suffit à les faire disparaître. »