Pompidou est encore jeune
Le centre Pompidou célèbre ses quarante ans à travers toute la France.
Lorsqu’il avait été programmé, le centre culturel de Paris, qu’on n’appelait pas encore Pompidou, avait défrayé la chronique.
Quarante ans plus tard, on peut le comprendre. Plutôt que de prendre de haut les critiques archaïques d’un projet qui s’est finalement bien implanté dans la ville, il faut les écouter, ces polémiques.
Et même, quelque part, leur donner raison, non pas sur le fond mais parce que leur virulence dévoilait le vrai germe révolutionnaire que contenait ce bâtiment.
Celui d’une intelligence indépassable de la construction des lieux publics. L’architecte Renzo Piano, associé à Richard Rogers, a renouvelé des siècles d’urbanisme.
Cette innovation est encore un éblouissement.
Faites l’expérience de monter par l’escalier extérieur et de vous détourner de la vue sur Paris (vous aurez l’occasion de la revoir ailleurs) pour regarder le bâtiment. Vous verrez les tuyaux de chauffage ou d’aération qui s’enchevêtrent pour faire comme un mur. Mais il n’y a pas de mur.
C’est comme si vous regardiez un écorché dans les salles de classe de médecine.
Poursuivez le raisonnement et interrogez-vous pour savoir où, vous en tant qu’architecte, vous auriez mis le mur manquant. Vous seriez allé jusqu’aux limites de la parcelle, c’est-à-dire jusque qu’aux gros tuyaux d’aération qui dépassent en direction de la rue Saint-Martin. Et vous comprendrez que Renzo Piano a inventé la ville sans mur, le passage invisible entre l’intérieur et l’extérieur d’un bâtiment.
Quand vous êtes sur le parvis, en fait, vous êtes dans le bâtiment. Ce qui est pleinement le projet initial de décloisonner la culture.
Pour fêter ses quarante ans, le centre Pompidou casse donc ses propres murs et part dans quarante lieux en France avec un programme qui combine, jusqu’à fin 2017, des expositions, des spectacles, des concerts et des rencontres. Hors les murs, encore.