Pâturer chez les voisins céréaliers : échange de bons procédés
Couverts végétaux et parasites étaient au menu de la 10e journée régionale ovine le 13 septembre à La Chapelle-Saint-Martin-en-Plaine (Loir-et-Cher).
Destinée aux éleveurs et porteurs de projets, la journée régionale ovine s’est déroulée cette année à La Chapelle-Saint-Martin-en-Plaine jeudi 13 septembre.
La matinée, en salle, a été consacrée aux sujets des couverts végétaux et parasites, sous forme d’exposés, alimentés d’échanges et de témoignages d’éleveurs.
Bien que tous les voyants soient au vert sur le marché du mouton - agneau, « on produit moins de la moitié de la consommation française », a souligné Jean-François Vincent, président du comité de filière du CAP ovin et président de l’Areoc (Association régionale de la filière ovine du Centre).
Il a débuté cette réunion en rappelant la nécessité de « mettre en place de nouveaux élevages sur des exploitations en grandes cultures », via le CAP filière ovin. « On est questionné par le changement climatique et l’effondrement de la biodiversité. C’est encore une année de sécheresse… L’élevage de moutons est une solution efficace pour venir à bout des mauvaises herbes impossibles à tuer ».
Bien que l’année soit mal choisie pour illustrer le thème des couverts végétaux, Laurence Sagot, de l’Institut de l’élevage/Ciirpo, et Michael Floquet, directeur d’exploitation du lycée agricole de Troyes, ont expliqué « l’échange de bons procédés que représente le pâturage chez les voisins céréaliers ».
« J’ai des voisins qui sont en non labour et qui ont fait le choix des couverts multi-espèces pour restructurer le sol. Nos brebis peuvent être comparées à un broyeur devant et à un épandeur derrière », a comparé, tout sourire, Michael Floquet. « C’est gagnant-gagnant ! », a enchéri l’experte.
Mais, comme le montre la sécheresse de cet été : sans eau, pas de couvert… Et la majeure partie des cultures intermédiaires n’ont pas levé.
Conséquence : des ajustements de la conduite de l’alimentation du troupeau sont nécessaires à l’automne en fonction du rendement du couvert végétal, en particulier sur le choix de la catégorie d’animaux qui les valorise.
« Sous réserve de semer des espèces adaptées au pâturage, la qualité des couverts couvre les besoins des animaux, sans apport de concentré ni fourrage. Mais il ne faut pas oublier de leur mettre de l’eau ! », a précisé Laurence Sagot.
Philippe Jacquiet, enseignant-chercheur à l’école vétérinaire de Toulouse, a conclu cette matinée, sur le thème Quand les parasites vous résistent !
« Il nous faut imaginer d’autres façons de contrôler ces parasites maintenant, car ils nous résistent », note-t-il.
L’arsenal thérapeutique se limite aujourd’hui à quatre grandes familles de produits. L’utilisation massive et systématique des molécules anthelminthiques a entraîné une résistance des parasites gastro-intestinaux qui pose aujourd’hui la question de la pérennité d’une lutte fondée uniquement sur l’utilisation de produits chimiques.
Selon lui, il est d’ores et déjà possible de rationaliser l’usage des vermifuges chimiques en recourant à des analyses coprologiques à moindre coût. « Il ne s’agit pas de laisser les animaux sans protection mais de traiter à bon escient. Dans un futur proche, d’autres méthodes viendront compléter la chimiothérapie : utilisation de plantes à tanins et la sélection génétique ».