Objectif Zan : utopie ou réalité ?
Agriculteur à Vert-le-Grand (Essonne), Pierre Marcille est président de la Safer Île-de-France. Il évoque l’objectif national « Zéro artificialisation nette » (Zan).

« Toute proportion gardée, l’Île-de-France est devenue l’une des régions où la progression de l’urbanisation est la plus modérée.
La dernière campagne photographique aérienne réalisée par l’Institut Paris Région (IPR, ex-IAU) pour définir le mode d’occupation du sol (MOS) et son évolution entre 2012-2017, a permis d’estimer la progression annuelle des espaces urbains à 590 hectares en moyenne sur la période considérée, soit le rythme le plus faible depuis 30 ans.
De fait, pour la première fois, la progression de l’habitat s’effectue principalement par le renouvellement urbain, tout en privilégiant les formes collectives sur les constructions individuelles.
De plus, l’activité logistique, à l’origine de la disparition de tant d’hectares, progresse moins rapidement depuis 2012.
Les terres agricoles sont-elles aussi plus épargnées ? Sur les 590 hectares urbanisés, on dénombre 457 hectares consacrés à l’agriculture, soit plus des trois quarts de la superficie totale consommée. Les hectares disparus se répartissent presque à parts égales entre le département de Seine-et-Marne et les départements issus de l’ancienne Seine-et-Oise.
Malgré cette baisse encourageante, nous sommes encore loin de l‘objectif national « Zéro artificialisation nette (Zan) » fixé par le plan biodiversité de 2018. Que faire pour l’atteindre ?
Pour structurer la réflexion et identifier des pistes d’action, l’IPR a lancé un cycle de six ateliers dont le dernier a eu lieu le 30 juin 2020. Les comptes rendus seront bientôt accessibles sur le site de l’Institut (www.institutparisregion.fr).
Deux difficultés ont été identifiées dès le début de ces travaux : la définition de l’artificialisation et le comptage des hectares disparus.
Il est apparu évident également que le respect de la séquence « éviter réduire compenser » (ERC) ne suffira pas à équilibrer les pertes. Le coût de la désartificialisation, tel que la Safer a pu l’expérimenter récemment dans le cadre d’opérations de compensation environnementale, est trop élevé pour traiter des superficies équivalentes à celles consommées.
Pour aller au-delà, il faudra envisager des mesures ambitieuses, principalement dans le domaine de l’urbanisme, grâce auxquelles le développement urbain ne pourra se faire qu’au sein de l’enveloppe urbaine, épargnant les espaces agricoles pour maintenir leur vocation : nourrir les hommes. »