"Nous n’avons pas de leçon de gestion à recevoir de l’Etat"
La chambre d’Agriculture de l’Ile-de-France n’a exceptionnellement pas respecté l’ordre du jour de sa session d’automne le 25 novembre.
« La situation est grave pour les compagnies consulaires, pour notre chambre d’Agriculture. L’État a décidé de s’attaquer aux budgets des chambres d’Agriculture en ponctionnant 45 millions d’euros et en réduisant la taxe affectée issue de la taxe sur le foncier non bâti (TATFNB). Exceptionnellement, pour manifester notre mécontentement face à des perspectives budgétaires qui vont mettre à mal notre fonctionnement, nous ne respecterons pas l’ordre du jour de cette session. » C’est par ces mots que le président de la chambre d’Agriculture de l’Ile-de-France, Christophe Hillairet, a introduit la session d’automne, mardi 25 novembre au Chesnay (Yvelines), en présence des élus et des représentants de l’État, dont le secrétaire général de la préfecture des Yvelines, Julien Charles.
Le président a d’abord laissé place à la lecture du budget avant de proposer au vote plusieurs délibérations, notamment budgétaires et tarifaires, et de prononcer un discours : « Le budget et les tarifs que nous avons présentée ont été établis avec les éléments connus à ce jour et donc, sans anticipation du vote de la loi de finances en cours d’examen au Parlement. Je ne sais pas si cela a grand sens », a regretté Christophe Hillairet avant de poursuivre : « L’État, au vu de ses finances catastrophiques, joue les prédateurs et vient ponctionner de l’argent dans des établissements publics dont les comptes sont équilibrés. C’est une véritable spoliation. Les bons gestionnaires que nous sommes sont punis. On nous demande de mettre en place une politique et on enlève nos moyens. »
Le président de la chambre d’Agriculture a également évoqué les conséquences dramatiques que cette loi de finances pourrait avoir sur le quotidien de l’établissement public : « La perte financière est estimée à 490 000 euros par an pour l’Ile-de-France » affirme-t-il : « Il faut aussi savoir que des emplois sont menacés : au niveau national, entre trois cents et mille deux cents au terme de ces trois ans. Les agriculteurs vont eux aussi être impactés car la chambre d’Agriculture va devoir développer ses prestations payantes. »
Dans ce contexte, Christophe Hillairet a proposé une délibération de délégation d’attribution au bureau afin de revoter le budget et les tarifs en cas de changement d’ici à la fin de l’année ainsi qu’une délibération relative aux perspectives budgétaires. « Nous avons fait des propositions d’amendements », a indiqué le président de la chambre : « Nous demandons également le maintien au même niveau de la TATFNB. La baisse annoncée de moins de cinquante centimes par hectare n’aura de toute façon aucun impact sur la compétitivité des exploitations. » À l’issue de son discours, Christophe Hillairet a clos la session, sans même laisser la parole au représentant de l’État, Julien Charles, comme il est normalement d’usage. « Nous n’avons sûrement pas de leçon de gestion à recevoir de l’État », a lancé le président.