Maintenir lumineuse et droite la flamme de l’installation : le delta des Jeunes Agriculteurs
L’assemblée générale des Jeunes Agriculteurs du Centre a eu lieu le 18 mars à Saint-Jean-de-Braye. Objectif numéro un de la nouvelle équipe : promouvoir l’installation.
«Si on veut continuer à installer, il faut des filières fortes et rémunératrices. Les éleveurs payent leurs aliments à un prix élevé alors que les céréaliers gagent peu. Où passe l’argent ? Nous avons besoin de travailler ensemble. » Vice-président des Jeunes Agriculteurs du Centre, en charge de l’économie et des filières, Cédric Daudin lança le débat lors de l’assemblée générale de l’organisation syndicale : la réunion avait lieu le vendredi 18 mars à Saint-Jean-de-Braye, au siège du Crédit agricole Centre Loire. Respectivement responsable des achats du pôle animal d’Axéréal et membre du bureau national des JA, Michel Tessiot et Baptiste Gatouillat prirent place aux côtés de l’animateur.
« La crise de l’élevage est le meilleur moment pour relancer les contrats entre céréaliers et éleveurs » s’exprima Baptiste Gatouillat. L’échelon national serait le niveau idoine : « Il faut arriver à mettre tout le monde d’accord sur des contrats types qui seraient ensuite déclinables localement. L’enjeu : la transparence sur les marges. Il ne s’agit pas de faire la révolution mais d’assurer l’approvisionnement des céréaliers et des éleveurs.»
Question : qu’est-ce qu’une filière ? Michel Tessiot donna cette définition : « Auparavant, cela consistait à gérer une production qui sortait de la cour de la ferme et qui allait vers le consommateur. Aujourd’hui, gérer une production vers l’avant aboutit à une impasse. La solution : aller chercher le besoin du client et tenter d’y répondre. Un schéma où le client devient demandeur. Et lorsque vous avez les cartes en main, vous êtes maître du jeu. Votre métier est d’organiser votre production et le nôtre est d’organiser la vie de votre production.» Le représentant d’Axéréal poursuivit en ces termes : «Dans un marché mondialisé, les fluctuations de prix sont inévitables. Or notre système fiscal et social ne nous permet pas de stocker pour les périodes de vaches maigres.» Baptiste Gatouillat analysa : «On s’est fixé pour objectif de redresser les filières : il faut pousser au niveau des interprofessions afin que les producteurs puissent s’en sortir par les prix.» Notamment par la promotion du produire français dans la restauration collective publique. « Nous sommes capables de proposer une offre alimentaire de qualité et avec un prix raisonnable pour le consommateur. »
L’assistance souleva plusieurs problématiques : protéines, irrigation et phytosanitaires. Le représentant national des JA répondit : «Le plan protéines se met en place. (…) On arrive à faire passer certains projets de retenues collinaires. (…) Sur les phytosanitaires, les JA ont une approche pragmatique : certes, nous devons accomplir des efforts. Mais si le rythme est trop rapide, ce sera impossible à faire : l’interdiction des néonicotinoïdes (NDLR : votée par l’Assemblée nationale dans le cadre du projet de loi sur la biodiversité, cette mesure doit entrer en vigueur en septembre 2018.) n’est pas acceptable !»
Un axe de la Politique agricole commune
Au cours des échanges, il fut également question de polyculture-élevage. «Ce modèle est probablement le meilleur s’exprima un Jeune Agriculteur : à défaut de pouvoir le faire au niveau d’une exploitation, faisons-le au niveau d’un territoire ! » Selon ce professionnel, cela pourrait même devenir un axe de la Politique agricole commune. Autre écho : «En France, on a tout pour produire mais aucune organisation pour vendre nos produits (NDLR : les bovins).» En substance, ce jeune responsable syndical fit remarquer que notre pays savait mieux vendre des avions que de la viande ! « Il n’y a pas de structuration admit Baptiste Gatouillat et, sans interprofession pour le marché export, on n’y arrivera pas ! »
Administrateur d’Axéréal et présent dans la salle, Frédéric Gond déclara : « Aujourd’hui, le premier rôle des coopératives est de nous donner accès aux marchés. Or les JA font preuve de défiance à leur égard : je suis inquiet. » Pourtant, parmi l’assistance, les partisans de la coopération étaient légion. Et qui aime bien châtie bien : «On attend d’une coopérative qu’elle paye ses adhérents, qu’elle les écoute et qu’elle soit proche d’eux : quelque chose qui a été perdu. Quand une coopérative grossit, les paysans perdent le pouvoir. (…) Une coopérative doit faire attention au message qu’elle porte, à l’image de la Cooperl qui diminue le prix du kilo de porc payé au producteur ! (…) Il n’est pas normal que les phytosanitaires soient plus chers à la coopérative que chez le négociant !» Réplique de Frédéric Gond : «Nous sommes sur un marché mondialisé : certaines décisions ont peut-être été mal expliquées.» Ultime réflexion entendue : «La moitié de la production est consommée sur le territoire français : les agriculteurs et les coopératives ne se comprennent pas !»
Guillaume Gonet monte d’un échelon
Éleveur de poules de reproduction et producteur d’œufs embryonnaires destinés au secteur de la pharmacie, Guillaume Gonet, 30 ans et installé dans le Loir-et-Cher, est le nouveau président régional des Jeunes Agriculteurs : il a été élu lors de l’assemblée générale, le vendredi 18 mars à Saint-Jean-de-Braye. Président départemental lors de la précédente mandature, l’intéressé connaît les dossiers régionaux : «C’est une continuité. Là, je vais voir plus haut : la Région gère l’enveloppe installation : un autre échelon et avec une dynamique différente.»
Lors du stage 21 heures
Le dirigeant syndical s’est installé en 2010 et a découvert les JA lors du stage 21 heures : «Un collègue est venu me chercher et j’ai adhéré aux Jeunes Agriculteurs. Rapidement, une élection eut lieu au sein de la section avicole départementale : j’en pris la coprésidence avec la FDSEA. » En 2012, notre interlocuteur devint vice-président départemental du mouvement puis président deux ans plus tard. Sa ligne de conduite pour les deux prochaines années : «Recréer des liens avec le Conseil régional : il y a de nouveaux élus. L’enjeu : promouvoir l’installation.» Autre priorité : renforcer le travail sur les filières. Dans ce but, une nouvelle animatrice et un responsable filières arriveront prochainement.
Guillaume Gonet déclare : « La filière viande blanche doit faire partie du territoire. Nous disposons d’outils d’abatage et de transformation, de surfaces d’épandage et de groupes qui veulent se développer : il y a tout pour bien faire ! »
La composition de la nouvelle équipe
La réunion a été l’occasion d’élire un nouveau bureau et de nouveaux administrateurs.
Voici la composition de ces deux instances :
Bureau : président : Guillaume Gonet (41). Vice-président : Maxime Poincloux (45). Vice-président économie et filières : Cédric Daudin (41). Secrétaire général : Cédric Raguin (président JA 37). Secrétaire général adjoint : Simon Bransard (18). Trésorier : Aurélien Tiercelin (28). Membre : Nicolas Pailloux (36).
Administrateurs : Morgan Bigot (18), membre de bureau associé, responsable installation. Bertrand Roger (28). Gaëtan Huet (36). Jérémy Defond (37). Maxime Billet (37). Sylvain Boiron (41). Basile Faucheux (45). Arnaud Rondier (président JA 18). David Faucheux (président JA 28). Mathieu Naudet (président JA 36). Camille Lecomte (président JA 41). Baptiste Menon (président JA 45).