Larry Towell, au delà de la photo
Le photographe canadien met en scène ses images pour leur donner une valeur qui les dépasse.
Photographe canadien de soixante-trois ans, Larry Towell ne se contente pas d’exposer ses images. Il les met en scène.
Littéralement, au sens propre, parce qu’il monte réellement sur une scène de théâtre pour en faire un spectacle qui mèle ses diaporamas, ses enregistrements sonores pris lors de ses reportages, ses poèmes, ses films et ses compositions musicales qu’il joue au banjo, à la guitare ou à la guimbarde.
Membre de l’agence Magnum, Larry Towell a parcouru le monde dans ses recoins les plus vifs pour des reportages à chaud : Afghanistan, Palestine, Nicaragua, Rwanda, etc. Il a reçu quatre World press en 1993 et 1994.
Pourtant, on ne le présente pas comme un baroudeur de guerre mais plutôt comme un homme simple.
Il habite dans la petite ferme en bois de son père au milieu des maïs et des rampes d’irrigation. Il porte la barbe, le chapeau et des lunettes rondes. Sur sa carte de visite, il se décrit comme « être humain ».
Il explique qu’il fait de la musique parce qu’il a été formé pour ça au départ. Il raconte qu’il a sorti un micro durant ses premiers reportages parce qu’il avait peur d’oublier ce que les gens lui disait au moment d’écrire ses légendes. Il estime qu’il n’est pas devenu poète mais qu’il l’a toujours été. Enfin, il chante ses chansons d’abord pour ses voisins agriculteurs parce qu’on s’ennuie parfois dans les grandes plaines de l’Ontario.
Ensuite, avec tout ce matériau, il est monté sur scène simplement parce qu’il aime bien ça.
Ses images prennent alors une nouvelle dimension. Les enregistrements permettent de saisir la voix des habitants qui subissent les guerres. Les chansons éclairent d’autres aspects du reportage.
Le diaporama et la musique imposent un rythme différent de celui d’une exposition. On vit une expérience qui va au delà des photos à l’instar de la volonté de Larry Towell d’aller au delà de son rôle de photographe.