Yvelines
L'agriculteur d'Adainville Fabien Le Coidic accueilli au Haras des Bréviaires
L'éleveur de chevaux et de vaches bio d'Adainville (Yvelines), visé par un recours lancé par des riverains pour empêcher son installation, est accueilli au Haras des Bréviaires.
L'éleveur de chevaux et de vaches bio d'Adainville (Yvelines), visé par un recours lancé par des riverains pour empêcher son installation, est accueilli au Haras des Bréviaires.
Un mois après leur arrivée au Haras des Bréviaires, l'agriculteur d'Adainville (Yvelines) Fabien Le Coidic et sa compagne, Agathe Guérin, soufflent un peu. Le couple doit faire face à des recours engagés par trois riverains pour l’empêcher d'installer son exploitation sur les 43 hectares qu'il a acquis.
Mercredi 21 avril, Fabien et Agathe ont reçu la visite et le plein soutien du président du Département, Pierre Bédier.
Tout a commencé courant 2020 lorsque le couple obtient un permis de construire en bonne et due forme pour ses bâtiments d'élevage, sa maison d'habitation et son projet de boutique à la ferme.
Des riverains — dont une célèbre éditrice — déposent alors un recours invoquant les nuisances que le projet pourrait provoquer.
Installés depuis treize ans au Haras du Petit Paris à Poigny-la-Forêt, le couple doit déménager et se retrouve sans solution. Une situation inacceptable pour les élus du territoire et Pierre Bédier, qui a alors proposé de les accueillir au Haras des Bréviaires.
« La ruralité n'est pas un conservatoire d'espèces en voie de disparition ni le spectacle du vendredi soir, tacle d'emblée le président du Département. La ruralité, ce sont des hommes et des femmes qui vivent de leur travail, qui créent un cadre de vie apaisant mais vivant. L'activité économique est au cœur de la ruralité et nous mettrons les moyens nécessaires pour préserver cela ».
Et l'élu d'avoir un mot particulier pour le couple : « On n'imagine pas à quel point ces histoires abîment les personnes. Agathe et Fabien se retrouvent dans une affaire juridique et médiatique qui les dépasse. Ils sont ici au Haras des Bréviaires, c'est une situation précaire, proposée par le Département, qui durera aussi longtemps que nécessaire ».
Le couple est installé grâce à une convention d'occupation précaire et un loyer de quelques milliers d'euros par an.
Fabien Le Coidic et sa compagne se préparent en effet à devoir affronter plusieurs années de procédure et une situation financière difficile. « Nous avions déjà engagé des frais sur nos terres, notamment de terrassement. Aujourd'hui tout est à l'arrêt et je suis contraint de ralentir mes activités d'élevage ».
L'éleveur possède aujourd'hui vingt-six chevaux et poneys et treize vaches de race bretonne pie noir, « une espèce menacée de disparition et très rustique qui se nourrit de peu mais permet de recréer des biotopes dans les zones humides, souligne-t-il. Il reste à peine deux milles vaches en France ».
En plus de leur pâturage, l'éleveur leur apporte également de la luzerne bio qu'il cultive lui-même.
« On ne peut pas se dire écologiste et aller contre ce type d'installation, tance Pierre Bédier. On ne parle pas d'un élevage intensif, on parle d'une trentaine de chevaux et d'une vingtaine de vaches en bio, souligne Pierre Bédier. Ce projet est l'exemple même de ce que prônent les écologistes. Il faut être cohérent et que ces personnes comprennent que les circuits courts, ça commence à côté de chez eux ! ».
Lors de sa visite, Pierre Bédier a dévoilé un travail en cours avec la chambre d'Agriculture de région Île-de-France qui soutient également le couple d'éleveur.
« Nous réfléchissons ensemble à créer un mécanisme pérenne qui permettra de répondre à ce type de problématique, avance Pierre Bédier. Nous souhaitons créer un fonds, qui serait cogéré par la Chambre et le Département, abondé par le Département, pour faire du portage foncier le temps des procédures ».
Il poursuit : « Nous pourrons ainsi acquérir les terres et les rétrocéder à prix d'achat initial une fois les recours épuisés. Cela permettrait aussi d'apporter des garanties financières auprès des banques ».
Le couple d'éleveur s'attend, lui, à devoir affronter encore de longs mois de procédures. Après avoir été déboutés par le tribunal administratif de Versailles en décembre dernier, les plaignants ont fait savoir qu'ils avaient déposé un recours sur le fond.
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