La Safer s’attaque au mitage des terres agricoles
La Safer Ile-de-France a organisé les Assises régionales du mitage, le 19 septembre à Paris.
Dépôts sauvages, occupation illicite, changement de destination d’un bâtiment pour en faire une habitation... Le mitage des terres agricoles est très fréquent, particulièrement en Ile-de-France, région où la pression foncière est forte.
Le 19 septembre, la Safer Ile-de-France a donc décidé de réunir tous les acteurs concernés par cette problématique pour les Assises régionales du mitage.
À Paris, dans les locaux de l’Assemblée permanente des chambres d’Agriculture, le président de la Safer, Pierre Marcille, a ainsi accueilli des élus régionaux, des maires, des représentants de l’administration ainsi que des agriculteurs.
« Le territoire rural est notre patrimoine commun, nous nous devons de le préserver », a t-il affirmé : « L’objectif est ici de partager nos points de vue, nos idées, pour en dégager des pistes de travail concrètes. État, région, Safer, Agence des espaces verts... nous devons agir ensemble pour être plus efficaces. »
Invitée à introduire les débats, la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, a qualifié le mitage de « fléau de l’Ile-de-France qui détruit les terres et donc, le capital productif ». « La région s’engage dans la bataille à travers le pacte rural qui comprend un bouclier anti-mitage », a d’ailleurs ajouté Valérie Pécresse.
L’une des principales mesures a été lancée cet été sous la forme d’un fonds de propreté. « Nous faisons face à un véritable raz-de-marée de demandes de la part des collectivités pour un peu plus de quatre millions d’euros alors que nous avions mis un million sur la table. Nous savons d’ores et déjà qu’il faudra rallonger l’enveloppe. »
La présidente a également annoncé le lancement d’une application smartphone qui permettra d’alerter en temps réel d’un dépôt sauvage.
Durant l’après-midi, deux tables rondes se sont successivement tenues.
La première, sur les dépôts sauvages justement, a réuni notamment l’agriculteur et conseiller régional Michel Caffin et la vice-présidente de la région chargée de l’Écologie et du Féveloppement durable, Chantal Jouanno. Plusieurs points ont été soulevés, notamment la nécessité d’augmenter le nombre de déchetteries et de les rendre plus accessibles aux professionnels et particulièrement aux artisans, les sanctions peu élevées en cas d’infraction par rapport à d’autres pays européens ainsi que la nécessité d’agir vite en cas de dépôts afin d’éviter l’escalade.
Une seconde table ronde a ensuite abordé la question des installations illégales et surtout celles impliquant la communauté des gens du voyage. Deux maires ont par exemple témoigné de leurs difficultés face à « des donations fictives de parcelles, des cabanons de loisirs qui grossissent jusqu’à devenir des habitations... » Malgré le précieux travail de surveillance fait par la Safer dans les communes sous convention, les élus locaux ont fait savoir leur besoin d’être davantage épaulés.
À l’issue de ces travaux, le président de la Safer, Pierre Marcille, s’est félicité de la « volonté d’agir collectivement : nous ne pouvons pas rester inactifs. Il doit y avoir une nouvelle dynamique entre tous les acteurs pour que, d’ici à dix ans, ces Assises n’aient plus lieu d’être. »
C’est le préfet de la région Ile-de-France, Jean-François Carenco, qui est venu clore ces Assises. « Le mitage est un sujet difficile et irritant qui concerne de nombreux acteurs », a-t-il d’abord déclaré : « Il faut s’y attaquer car c’est la santé du monde agricole qui est en jeu. Si l’agriculture ne va pas, les terres deviennent un terrain de jeu propice pour les “miteurs” . »
Le préfet a dit vouloir accélérer sur les sujets liés aux déchets, sur les aires de grand passage et a évoqué les zones agricoles protégées comme rempart au mitage.