La perle du Diamant
À quelques kilomètres de la pointe du Diamant (Martinique) se dresse un îlot rocheux, à la fois emblème de la ville et curiosité historique et naturelle.
Sud de la Martinique, 15 h 30. Les virages en épingle à cheveux se succèdent pendant des kilomètres sur la D37, entre Les Anses-d’Arlet et le village du Diamant. Touffeur et pénombre, verdure tropicale. Soudain la vue se dégage et l’oeil respire. Posé sur la mer des Caraïbes, le rocher du Diamant semble scintiller au soleil.
Ce roc basaltique de 172 mètres de haut est un ancien volcan né il y a presque un million d’années. Une érosion intense a ensuite façonné ses flancs abrupts, jalonnés d’éboulis que retiennent les racines des figuiers maudits.
Le Rocher a longtemps servi de lieu de recueillement aux marins pêcheurs. En 1671, des habitants y aperçurent une étrange créature – longs cheveux gris, torse d’homme, queue fourchue à la place des jambes – qu’ils surnommèrent « l’homme marin » mais qui pourrait n’avoir été qu’un phoque de la Jamaïque, une espèce aujourd’hui disparue.
La place stratégique de l’îlet lui a fait jouer un rôle majeur lors des guerres napoléoniennes. Début 1804, alors que la France et l’Angleterre bataillent pour le contrôle des Antilles, l’amiral anglais Samuel Hood s’empare du Rocher.
Une garnison d’une centaine d’hommes s’installe sur ce site inhospitalier, le fortifie, l’aménage et va pendant des mois harceler les navires français qui arrivent en Martinique via le canal de Saint-Lucie.
La flotte franco-espagnole reprendra le contrôle du Rocher le 2 juin 1805. Quelques pièces d’artillerie anglaises, toujours présentes sur l’îlot et visibles depuis le Diamant, témoignent de cet épisode.
Le Rocher est protégé depuis 2004. On n’y débarque plus, mais on peut l’approcher avec masque et tuba pour observer oursins-crayons, poissons-papillons, tortues vertes.
Il abrite plus d’un millier d’oiseaux marins, et serait le dernier refuge d’un reptile endémique de l’archipel : la couresse de la Martinique.
Laure Sauvage