La filière lin oléagineux se retrouve à Gallardon
Valorex, Semences de France et Lin 2000 ont organisé le 28 avril une rencontre à Gallardon, à l’occasion de la Journée nationale lin oléagineux.
Valorex, Semences de France et Lin 2000 ont organisé le 28 avril une rencontre à Gallardon, à l’occasion de la Journée nationale lin oléagineux.
Lors de la Journée nationale lin oléagineux, le 28 avril, les différents acteurs de la filière se sont réunis à Gallardon pour faire le point. « Une filière atypique », ce sont les mots de Gilles Robillard, président de Terres Inovia, pour introduire cette journée. Celle-ci se déroulait sur trois ateliers : un premier sur la sélection des semences, un bilan de conduite culturale sur une parcelle de Jean-Michel Croullebois, agriculteur à Gallardon (voir ci-dessous), et un rappel des débouchés et de la valorisation du lin avec Valorex et Bleu-blanc-cœur. Pour lui : « L’idée c’est qu’il y ait une valeur ajoutée pour tous les acteurs, il faut aller la chercher dans chaque territoire ».
Débouchés…
L’alimentation animale est le principal débouché du lin oléagineux, précieux pour sa richesse en oméga-3. Les études scientifiques montrent que celle-ci permet une meilleure santé des animaux et que les produits finaux (viande, lait et œufs) gardent des teneurs élevées en oméga-3, aussi bénéfiques dans l'alimentation humaine.
« La principale difficulté, c’est le salissement. Le lin est une culture peu couvrante », explique Denis Burlaud, responsable technique semences de lin oléagineux à Lin 2000. Cela demande une rigueur dans la gestion des adventices, il faut utiliser les herbicides au bon moment. Il est nécessaire d’anticiper les traitements. « On ne nettoie pas une parcelle sale mais on la maintient propre », complète le technicien. Il ajoute que la date de semis est primordiale pour une bonne implantation.
… et valorisation
En France, Valorex a une importance majeure dans la filière lin puisqu'elle collecte les récoltes des deux tiers des 30 000 hectares de lin oléagineux français. Après extrusion des graines — leur enveloppe étant une barrière à l’accès aux oméga-3 —, l’entreprise propose ses produits pour les éleveurs directement ou pour les fabricants d’aliments. « L’objectif, c’est que tout le monde s’y retrouve, c'est pour cela que Valorex garantit un prix minimum de vente au semis mais aussi un prix maximum pour partager les risques », explique Stéphane Douabin, responsable achat chez Valorex. Pour lui, il est important de maintenir le lin et les protéagineux dans les rotations. En effet les intérêts sont divers : réduction des intrants, effet structurant sur le sol, diversification de l’assolement…
L’alliance Linoléa (Semences de France, Linéa et Lin 2000) s’est d'ailleurs fixé un objectif de 50 000 hectares de lin oléagineux pour la récolte 2024.
Conduite culturale du lin
L'un des ateliers de la rencontre était consacré à l'itinéraire technique de la parcelle de Jean-Michel Croullebois. Le lin oléagineux n'est pas une culture compliquée mais elle demande un suivi précis de son évolution et de celle des adventices. Les principales périodes de salissement sont l'automne et le printemps. Un autre élément à prendre en compte est le risque de verse. Il peut être nécessaire de réguler la croissance du lin le plus tôt possible au printemps, sachant que les fortes densités de semis et les apports d’azote importants sont des facteurs favorables à ce phénomène.
Moins de molécules
« Le retrait de certains produits utilisés pour le désherbage a nécessité l'évaluation de nouveaux programmes de lutte pour le lin d'hiver, explique Zoé Le Bihan, référente lin oléagineux à Terres Inovia. Cela a notamment permis de mettre en avant la sélectivité du Fox et de l’Allié SX, homologués récemment ». Des essais de désherbage mécanique ont aussi été effectués entre 2017 et 2021 et ont permis d’évaluer l’efficacité de la herse-étrille et de la houe rotative sur les adventices.
Des progrès génétiques constants
Le deuxième atelier de cette Journée nationale lin oléagineux est consacré à la recherche variétale. « La volonté n'est pas d'apporter de nouvelles variétés sans raison mais bien d'amener un gain technique », précise Charles-Henri Biard, responsable développement lin au sein du GIE Linéa semences. Historiquement, c'est la filière lin fibre, avec les industriels, qui finance la sélection en lin oléagineux.
Hausse des rendements
C'est ainsi que depuis une dizaine d'années, la génétique a amené des gains de productivité importants, de l'ordre de 0,5 à 0,7 q/ha par an, ainsi qu'une amélioration des critères de résistance aux maladies de fin de cycle. « Nous travaillons aussi beaucoup sur la résistance au gel. De fait, depuis quelques années nous observons beaucoup plus de phénomènes de gel tardif. La capacité de la plante à supporter les écarts thermiques est un critère de plus en plus regardé. Nous cherchons aussi à améliorer la couverture précoce des sols afin de limiter les problèmes d'enherbement ». Par ailleurs, en lien avec Valorex, la recherche génétique vise également à améliorer l'appétence des graines pour les animaux.
Pour l'avenir, les firmes semencières vont sélectionner également des graines pour élargir la précocité, avec des plantes plus précoces et d'autres plus tardives. Cependant le critère fondamental reste la teneur en huile, d'ailleurs des nouveautés prometteuses sur ce plan sont dans les tuyaux.
Et Charles-Henri Biard de conclure : « Nous mettons entre vos mains un potentiel génétique mais le plus important c'est la date de semis. Elle est très précise et il est important de la respecter ».