Jocelyne Kurc, de l’or dans les mains
Meilleur ouvrier de France en broderie d’art, Jocelyne Kurc a installé son atelier à Villampuy (Eure-et-Loir) et revendique le statut d’artiste à part entière.
Elle a de l’or dans les mains, accessoirement aussi un crochet et du fil. En effet, Jocelyne Kurc est brodeuse d’art et peut même s’enorgueillir du titre de Meilleur ouvrier de France (MOF) dans la discipline.
Plus qu’un métier, la broderie est une véritable passion pour elle. Qui naît alors qu’elle a 10 ans : « Je voulais un pantalon pattes d’eph’ brodé. Je suis allé voir ma grand-mère qui était couturière et brodeuse professionnelle mais elle m’a dit qu’elle n’aurait pas le temps et qu’il faudrait que j’apprenne à broder. Elle m’a appris les bases, je m’y suis mise et c’est comme ça que cette passion est née », relate-t-elle.
Pour ne plus la quitter : « J’ai été contrôleur aérien dans l’armée de l’air pendant trente ans et je brodais pendant mes gardes pour maintenir mon attention », sourit-elle.
Les choses sérieuses commencent en 1993 quand elle montre ses tableaux brodés lors d’une exposition d’artistes : « J’avais inventé une nouvelle façon de broder et ça a fini par remonter à l’oreille des Meilleurs ouvriers de France à qui j’ai montré mon travail. Ils m’ont proposé de passer le concours broderie couleur... Qui ne tente rien n’a rien, alors j’ai travaillé seule pendant seize mois pour présenter le concours. J’ai été coachée par un MOF en maçonnerie qui m’a donné de précieux conseils ».
Son diplôme obtenu, Jocelyne Kurc se dit que la meilleure chose à faire est de transmettre son précieux savoir.
Elle retourne sur les bancs de l’école pour se former aux techniques qu’elle ne connaît pas et se fait agréer comme formatrice professionnelle. Elle est toujours la seule indépendante en France à être ainsi agréée.
En 2002, elle prend sa retraite anticipée, quitte l’armée de l’air pour ouvrir son atelier à Villampuy (Eure-et-Loir), où elle donne des cours, poursuit son œuvre créative et restaure des broderies anciennes.
Cependant, il lui faut maintenant vivre de son art patient, subtil et délicat : « Les gens ne se rendent pas compte de la qualité du travail et du temps nécessaire. Il faut une heure pour créer un centimètre carré. C’est difficile de faire reconnaître que la broderie est un art majeur au même titre que la peinture ou la sculpture. Et il faut bien dire que c’est un peu tombé en désuétude. Même si aujourd’hui il y a un certain engouement de jeunes. Il y a plein de gamines qui ont des trésors dans les mains et que je pousse ». Et ce qui l’enrage par dessus tout, c’est de voir ses créations copiées : « En France, on a toujours un train d’avance, mais dès que je montre mes créations, c’est copié dans les huit jours ».
Hervé Colin