Jean-Pierre Leveillard : « Un accompagnement technique et financier »
Après dix-huit années à la présidence de la chambre régionale d’Agriculture, Jean-Pierre Leveillard ne rempilera pas en janvier prochain. Le 30 novembre, lors de la dernière session de la mandature, il s’est livré à une analyse prospective.
Le vendredi 30 novembre, les élus de la chambre régionale d’Agriculture étaient réunis à Orléans pour la dernière session de la mandature. Jean-Pierre Leveillard, président depuis dix-huit ans, soit trois mandats, débuta son tour d’horizon de l’actualité agricole en citant Platon : « Plus il y a de règles, plus il a de lois, plus la République est pourrie. » « Or, nous sommes servis ! Gouvernement, médias et organisations non gouvernementales cèdent à l’hystérie ! Par la multifonctionnalité qu’on lui impose, l’agriculture mérite un minimum d’objectivité et un accompagnement technique et financier. » L’élu poursuivit : « Les restrictions au désherbage sans alternative augmentent le salissement de nos parcelles et l’impact sur les rendements n’est pas une vue de l’esprit. » En 2019, la redevance pour pollution diffuse (RPD) augmentera de cinquante millions d’euros. « Cette hausse alimentera-t-elle la recherche de nouvelles molécules ? » Poser la question était y répondre : « La RPD soutiendra l’agriculture biologique, sans aucune logique d’adaptation et sans mesurer les distorsions de concurrence au sein de l’Union européenne. »
Booster le progrès par la concurrence
L’orateur évoqua également la séparation de la vente et du conseil pour les produits phytopharmaceutiques : « La relation de confiance entre l’agriculteur et son conseil est essentielle : l’appropriation du changement ne peut se faire que si elle est partagée. (…) Diminuer les phytosanitaires sans risque pour les cultures et l’environnement impose une connaissance parfaite de l’exploitant et de sa terre. Un conseil bas coût économique en intrants, désolidarisé d’une confiance entre conseiller et exploitant est illusoire. (…) La concurrence du conseil booste le progrès. (…) La recherche de solutions nécessite une large coopération : à l’heure où les soutiens publics diminuent, ce n’est pas en écartant les distributeurs de phyto du conseil que l’on gagnera en efficacité ! (…) Une telle mesure entraînerait un surcoût pour les agriculteurs et des coûts indirects : destructions de filières et reculs d’activités économiques dans nos territoires ruraux. Sans l’assurance de réduire les phytosanitaires ! » Le président conclut en ces termes : « Plutôt que de mettre en place une
écologie punitive, l’État pourrait accompagner cette mobilisation porteuse de progrès. À vouloir être plus que parfait, notre futur apparaît comme décomposé ! »