Jean-François Bléchet : « Une démarche permanente de progrès »
Planteur de betteraves à Jouy-en-Pithiverais, Jean-François Bléchet évoque son parcours et son approche syndicale.
Agriculteur à Jouy-en-Pithiverais, Jean-François Bléchet s’est installé sur l’exploitation familiale en 2012 : « Lorsque mon père a pris sa retraite, soit mon frère Éric arrêtait de travailler à l’extérieur (NDLR : expertise foncière) soit j’intégrais la structure car je souhaitais donner une nouvelle orientation à ma carrière. » Au cours des cinq années précédentes, notre interlocuteur, titulaire d’un DESS de marketing et d’une maîtrise d’économie, travailla dans un laboratoire pharmaceutique en qualité de responsable financier d’un centre de recherche et d’administrateur de données comptables et financières. « J’ai acquis des compétences en gestion d’entreprise. Par ailleurs, ayant été habitué à être audité, j’appréhende cahiers des charges et contraintes diverses avec plus de sérénité. Mais je m’ennuyais dans mon travail. » Lors de son parcours initiatique, l’intéressé était resté connecté avec l’exploitation : il apportait sa pierre lors des moissons. « L’agriculture me plaisait. Je savais aussi que je pouvais travailler avec mon frère : c’est important que deux associés partagent la même approche et que leurs caractères soient compatibles ! »
Un module sur le marché du sucre
Le professionnel tient la comptabilité de l’entreprise. Or, auparavant, celle-ci était externalisée. « Cela permet de s’approprier les données comptables. » Indispensable pour le pilotage économique de l’exploitation. « Idéalement, on cultive uniquement ce qui est rentable. Mais les aspects environnementaux entrent en ligne de compte avec également des filières plus ou moins existantes selon les territoires. Et connaître ses coûts sert à raisonner ses investissements. »
En 2016, l’agriculteur a suivi la formation coûts de production proposée par la Confédération générale des planteurs de Betteraves (CGB) Centre Val de Loire. « Je voulais avoir un éclairage adapté à la culture de la betterave explique le professionnel. Il y avait un module sur le marché du sucre. Or celui-ci a un impact sur l’outil industriel et donc sur le prix de ma betterave. La session m’a également permis d’échanger avec les autres stagiaires : chacun a ses propres solutions et, par la discussion, on se pose des questions. » L’amélioration de la marge passe par les recommandations de l’Institut technique de la Betterave : réduire la densité de semis dans certains cas et utiliser des outils d’aide à la décision pour l’irrigation ou les applications phytosanitaires.
Un intérêt dans la rotation
Jean-François Bléchet et son frère produisent des betteraves depuis 2009. « La sucrerie nous a proposé de planter des betteraves pour les transformer en éthanol. Certes, à l’époque, cela n’était pas payé très cher. Néanmoins, en cas de problème climatique ou économique sur les céréales, la betterave atténue les conséquences. En outre, celle-ci revêt un intérêt dans la rotation : la PAC imposant au moins trois cultures dans l’assolement, on respecte la réglementation. Depuis la disparition des quotas, nos betteraves peuvent être transformées en sucre et leur part dans l’assolement variera selon l’évolution du marché. » Pour les semis et les récoltes, le planteur fait appel à un prestataire. « Nous n’avions le matériel ni pour semer ni pour récolter et, en recourant à un prestataire, nous ne sommes pas obligés d’investir : nous continuons sous cette forme car notre capacité d’investissement est limitée. »