« Je suis un peu étonné que ça se passe si bien »
Le directeur de la coopérative agricole Bonneval Beauce et Perche, Guillaume Rivet, répond à nos questions sur la situation actuelle de sa coopérative.

Horizons : Comment fonctionne la coopérative en période de confinement ?
Guillaume Rivet : Sur la marche de la coopérative, il n’y a pas de changement, ça continue à bien se passer, nous n’avons pas de malade, l’absentéisme lié au virus est très très faible, tous nos sites sont ouverts. Là, nous attaquons une période de congés avec les vacances scolaires, les gars prennent des vacances comme ils avaient prévu de le faire. Au tout début du confinement, il y avait eu un coup de folie sur les sorties d’engrais, ça s’est calmé. Les semis de maïs ont commencé, nous avons approvisionné les semences. Il n’y a pas de problème. Je suis même un peu étonné que ça se passe si bien. Les gestes barrières sont bien appliqués, bien compris, nous n’avons plus les petits balbutiements du départ, c’est entré dans les mœurs. La seule chose qui nous manque encore, ce sont les masques.
Les stocks se vident-ils normalement ?
Côté exécution des céréales, ça continue à beaucoup charger, les camions sont là. Heureusement que c’est soutenu car nous avons tout de même perdu quelques trains du fait d’un problème d’ouverture de ligne jusqu’à Bonneval, mais on exécute à partir d’autres sites. On perd quelques trains mais nous avons beaucoup de camions donc nous exécutons plutôt bien.
La collecte suit son cours ?
Côté collecte, nous continuons à rentrer, ça déstocke des fermes. Côté prix, il y a une conjoncture très favorable en blé tendre et en blé dur, donc on achète. Cependant il n’y a plus grand chose à acheter en ferme. Il n’y a que le maïs qui n’est pas très engagé avec un prix qui a chuté. On peut être inquiet pour le maïs. Le colza aussi a baissé mais il ne restait plus grand chose à acheter. Nous nous intéressons aussi aux prix de la prochaine campagne, ils sont intéressants. Ce qui freine les adhérents c’est leur potentiel de rendement qui est moins bon que d’habitude.
Des inquiétudes par rapport à la sécheresse ?
Oui, comme tout le monde, nous sommes au début. Il n’y a pas d’eau annoncée jusqu’à la fin de la semaine prochaine (l’entretien a été réalisé le 11 avril). Il y en a qui ont commencé l’irrigation. On ne peut pas faire de pronostics, ça devient de plus en plus courant d’avoir des mois d’avril secs. Si l’eau arrive en quantité au mois de mars, ça rattrape. Le souci cette année c’est que l’on part avec un handicap sur le nombre de pieds, les parcelles sont un peu claires. C’est ça qui est embêtant.
L’expérience des années passées me fait dire que souvent, quand nous avons un mois d’avril sec, nous avons tout de même une belle récolte mais là, comme le potentiel est bien entamé, je ne ferai pas le même pari. Après, tout dépend des parcelles, des dates de semis. Cependant, beaucoup s’accordent à estimer une baisse de rendement de l’ordre de 10 à 15 % par rapport à une année normale. L’impact est quasi-certain et les agriculteurs s’en rendent bien compte…
Propos recueillis par Hervé Colin