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De lourdes menaces planent sur le Compa

Lors de l’assemblée générale de l’association des Amis du Compa réunie dans ses murs le 29 juin, son président, William Belhomme, s’est fait l’écho des bruits qui courent sur une prochaine délocalisation du Compa.

Depuis près de trente ans, la ville de Chartres peut s’enorgueillir de posséder dans ses murs le plus important musée de France consacré à l’histoire de l’agriculture, le Compa. Un musée qui, comme sa ville hôte, puise ses racines dans la terre nourricière de la Beauce. Plus d’un million de visiteurs ont parcouru ses espaces depuis son inauguration en 1990 par les ministres de la Culture et de l’Agriculture de l’époque, Jack Lang et Claude Nallet. Une fréquentation qui le place en tête des musées départementaux sur ce critère.

Seulement voilà, son emplacement stratégique suscite des convoitises...

En effet, depuis quelques mois des bruits courent sur son éventuelle délocalisation. Coup sur coup, le président de l’association des Amis du Compa, William Belhomme, en a fait part lors de son assemblée générale réunie dans ses murs à Chartres le 29 juin.

Les membres de l’association, venus en nombre ce soir-là, en ont été littéralement sonnés.

Le lendemain, nos confrères de L’Écho républicain ont publié un long entretien avec le président du conseil départemental, Claude Térouinard, qui y détaille ses priorités pour l’Eure-et-Loir : « Je souhaite mettre le Compa dans son environnement, qui est celui du monde agricole. L’idée serait de le transférer dans le sud du département, là où il y a le plus de grandes cultures », a-t-il déclaré.

Mais derrière cette « priorité » du président du Département, peut-être faudrait-il y voir la volonté du maire de Chartres, Jean-Pierre Gorges — les deux hommes ne cachent pas leurs liens —, de faire main basse sur un bâtiment qui s’intègrerait très bien à ses yeux dans l’ensemble du pôle gare qu’il est en train de réaménager ?

Au milieu d’un quartier consacré à la mobilité, au sport ou au loisir, l’agriculture n’aurait peut-être plus sa place ?

Mais une chose est certaine : cette délocalisation signerait l’arrêt de mort du Compa tel qu’il existe actuellement. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à voir ce que deviennent les autres musées français consacrés à ce patrimoine lorsqu’il sont placés dans leur contexte... Ils disparaissent, comme les Ruralies de Niort, ou survivent grâce à quelques subsides et une poignée de bénévoles, comme celui de Saint-Loup-des-Bois (Nièvre).

Car ce qui fait le succès du Compa, outre l’engagement sans faille de ses équipes, c’est d’abord son implantation naturelle dans la capitale de la Beauce, son accessibilité et sa visibilité.

Mais aussi le fait que ce Conservatoire de l’agriculture va bien au delà d’une simple collection de machines anciennes, aussi superbement restaurées et présentées soient-elles.

Incontestablement, le Compa est un véritable musée de société, d’art, d’histoire, de science et de technique. Il fait le lien et en tisse entre le monde rural et l’urbain. C’est un lieu qui interroge, qui analyse l’environnement, l’alimentation, qui fait intervenir des artistes, des chercheurs, dans de nombreux domaines.

Il met sur pied des expositions temporaires foisonnantes sur des thématiques transversales.

Il organise enfin régulièrement des manifestations qui rencontrent le succès : la Fête des tracteurs ou celle de l’animal de ferme... Autant de propositions que nous rapportons très régulièrement dans nos colonnes.

Qui viendra voir et qui fera vivre un tel programme dans une ferme au milieu de la Beauce ?

Cette décision paraît d’autant plus incompréhensible au regard des efforts consentis par le Département, la Région et l’État pour remanier de fond en comble le musée.

Deux années de travaux, achevés en 2016, et 1,6 million d’euros investis, qui lui ont donné un nouveau visage et une indubitable modernité.

Si l’on regarde les chiffres de sa fréquentation, il n’a pas de quoi rougir : le Compa accueille entre trente et cinquante mille visiteurs par an en moyenne.

Et s’il a souffert d’une légère baisse en 2017, l’année de sa réouverture, il retrouve cette année sa fréquentation habituelle avec plus de quinze mille quatre cents visiteurs au 31 mai. Il reste le site payant le plus fréquenté du département.

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