Portrait
Agnès Molard et les chevaux, partenaires de soin
Toute la vie professionnelle d'Agnès Molard s'est construite autour du soin à la personne, en s'appuyant, le plus possible, sur les chevaux comme médiateurs.
Toute la vie professionnelle d'Agnès Molard s'est construite autour du soin à la personne, en s'appuyant, le plus possible, sur les chevaux comme médiateurs.
Son père fabriquait les charpentes et les ossatures en bois des manèges des Haras nationaux. Pour Agnès Molard, le cheval a d'abord été une passion d'enfance et d'adolescence, au point qu'à l'âge adulte, elle hésite entre une carrière de psychologue et l'élevage équin. Elle découvre alors le travail d'Hubert Lallery et de Renée de Lubersac sur la rééducation par l'équitation. C'est décidé, elle sera psychomotricienne et se formera à ces techniques pionnières. « À l'époque, personne ne connaissait ni la psychomotricité, ni les thérapies avec le cheval », se remémore-t-elle avec un sourire qui quitte rarement son visage.
Thérapie « avec » le cheval
Il s'agit bien de thérapies « avec » le cheval, pas d'équitation. Le but n'est pas de monter, mais de soigner. Avec autant de nuances qu'il en existe sur les robes des chevaux. « Le cheval n'est pas un soignant à lui tout seul, mais un tiers utilisé par le soignant. Il est un médiateur de la relation », précise-t-elle. Lorsqu'elle commence sa carrière, elle travaille avec des enfants polyhandicapés, dont seule une minorité voit encore ses parents. La chaleur, les odeurs sucrées de l'animal, son absence totale de jugement, sa sensibilité aux moindres vibrations de l'enfant, sa congruence s'avèrent être des atouts incomparables dans la relation. Un enfant de 10 ans, mutique, qui vivait en couches, apprend la propreté et dit son premier mot : « pipi ! ». « À l'époque, ça semblait presque magique ! Même si aujourd'hui, on peut comprendre ce qu'il s'est passé pour cet enfant », dit-elle.
« Le cheval nous donne aussi des informations sur nos patients », raconte Agnès Molard, qui se souvient d'un adolescent passé peu à peu de la caresse à l'agressivité, sans qu'elle le voie. Le cheval, lui, a signifié que des limites étaient en train d'être dépassées. « Le cheval renvoie à la fois une image maternelle de chaleur, de portage qui incite à la régression, et une image paternelle de force, de puissance, qui peut tracer une ligne entre ce qui est autorisé et ce qui ne l'est pas. »
Des chevaux « bien dans leurs sabots »
Bien sûr, pour cela, il faut des chevaux « bien dans leurs sabots » : pas trop fatigués par leur travail dans les manèges, à l'écoute, et qui vivent encore au pré, en troupeau. Agnès Molard les sélectionne avec soin, écarte les doutes éventuels des moniteurs à qui il faut toujours démontrer l'intérêt de la thérapie, et, avec d'autres thérapeutes, construit patiemment les fondations d'une profession et d'une pratique. À la retraite depuis six ans, elle continue d'ailleurs à délivrer des formations, notamment à la Fentac*. La passion d'enfance a duré toute la vie.
Biographie
- Décembre 1955 : naissance.
- Septembre 1975 : premier emploi dans un établissement pour enfants polyhandicapés.
- 1980 : rejoint la Fentac*.
- 2018 : retraite « officielle ».
*Fédération nationale de thérapies avec le cheval.