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Rencontre
Agir pour maintenir l’agriculture

Mardi 7 septembre, François Pesneau, préfet de Loir-et-Cher, a été invité par la FNSEA 41 et JA 41 à visiter deux exploitations du département. L’objectif : mettre en avant plusieurs problématiques auxquelles sont confrontés les agriculteurs.

Mardi 7 septembre 2021, à Droué. Isabelle Lecomte, associée de l'EARL de la Morache, a fait visiter une partie de son ­exploitation à François Pesneau, préfet de Loir-et-Cher.
Mardi 7 septembre, à Droué. Isabelle Lecomte, associée de l'EARL de la Morache, a fait visiter une partie de son ­exploitation à François Pesneau, préfet de Loir-et-Cher.
© L.G. - Horizons

«Ce que l’on veut savoir, c’est si vous voulez toujours de l’agriculture et de l’élevage ? » C’est la question qui a été posée au préfet François Pesneau, mardi 7 septembre, en visite dans deux exploitations du département. Le représentant de l’État a tout d’abord été accueilli par les associés de l’EARL de la Morache, installés en polyculture-élevage à Droué, puis chez Nicolas Léger, éleveur de volailles label à Saint-­Léonard-en-Beauce (voir encadrés ci-dessous). Cette rencontre a été organisée à l’initiative de la FNSEA 41 et de JA 41.

La ressource en eau

Premier sujet abordé lors de la visite préfectorale : le problème de la ressource en eau. Depuis de nombreuses années, les agriculteurs sont confrontés à des phénomènes de pluies intenses l’hiver et de sécheresse l’été. Pour pallier ce problème, la solution pourrait se trouver dans l’aménagement de retenues d’eau, selon les représentants syndicaux.

Les associés de l’EARL de la Morache connaissent bien ces difficultés et ont justement le projet de construire une réserve. « La typographie de l’exploitation le permet et on avait d’ailleurs obtenu une autorisation en 2017. » En raison d’un accident professionnel touchant l’un des associés, ce projet a été mis entre parenthèses. Aujourd’hui, les éleveurs souhaitent le relancer, mais sont limités par la complexité des démarches. Pourtant, « une réserve d’eau permettrait non seulement à l’exploitation de sécuriser son fourrage, mais aussi de faire des économies. Aujourd’hui, ils doivent sortir près de 16 000 euros tous les ans pour racheter du maïs », affirme Didier Delory, président de la FNSEA 41. Pour lui, il est essentiel de « trouver des solutions pour les exploitations comme celle-ci » afin de « maintenir l’élevage » dans le département.

Le préfet de son côté affirme ne « pas être opposé aux retenues d’eau ». « Il faut cependant faire cela dans le cadre réglementaire, poursuit-il. Si le fait que l’on en a besoin est la conclusion d’un raisonnement et non son préalable, alors des choses pourront être mises en place ».

La rémunération des agriculteurs

Seconde problématique mise en avant par les syndicats : la rémunération des agriculteurs. L’enjeu pour la FNSEA et les JA de Loir-et-Cher est de permettre aux producteurs de vivre de leur métier et d’inciter des jeunes à s’installer, notamment en élevage. « Aujourd’hui, les exploitations grossissent pour avoir de la rentabilité. Les capitaux deviennent donc très élevés et de leurs côtés les jeunes savent qu’ils vont gagner peu d’argent. On glisse ainsi vers une chute de l’élevage. Nous produisons de la nourriture de qualité en quantité, mais elle à un coût et elle doit être rémunérée au juste prix », insiste Charlin Hallouin, président de JA 41. Les agriculteurs attendent de l’État qu’il fasse respecter les aspects réglementaires de la loi Egalim 2.

L’installation et la transmission

Enfin, lors de cette rencontre, les JA ont souligné l’importance de favoriser la transmission des exploitations et l’installation de jeunes agriculteurs. Depuis quelques années, la dynamique s’améliore dans le département : « Nous avons passé la barre des trente installations aidées par an et avons même atteint les quarante-cinq en 2020 », affirme Charlin Hallouin. Cependant, l’objectif fixé par JA d’une installation pour un départ n’est pas encore atteint.

Aujourd’hui, deux points interrogent les JA. Tout d’abord la réforme de la futur Pac qui prévoit que 60 % de la DJA (Dotation jeune agriculteur) soit versée par l’Union européenne et 40 % par l’État et/ou les Régions. « Ce qui nous inquiète, c’est que si cette aide est distribuée par les Régions, il ne doit pas y avoir de disparités entre celles-ci ».

Le syndicat regrette également que dans le département une exploitation sur deux soit cédée à l’agrandissement. « Ce sont généralement des entreprises viables, vivables et transmissibles pour un jeune. » Les JA ont émis plusieurs propositions pour pallier ce problème. L’une d’elle consiste en une exonération des plus-values de cession en cas de transmission à un jeune. « C’est la solution de la carotte fiscale. » Une suggestion qui ne semble pas avoir convaincu le préfet. Néanmoins, celui-ci s’engage à faire remonter les différentes options évoquées par les agriculteurs.

 

Trouver une solution pour le ramassage des volailles

Lors de la visite préfectorale, la problématique du ramassage en élevage avicole a été pointée du doigt chez Nicolas Léger, éleveur de poulets label. Pour les éleveurs de volailles, il est de plus en plus difficile de trouver du personnel pour effectuer cette tâche. De nombreuses raisons l’expliquent : il s’agit bien souvent de contrats à temps partiel avec une faible rémunération d’environ 400 euros, le travail est physique et s’exerce de nuit et il n’existe pas de convention ni de fiche technique pour ce métier.
Depuis plusieurs années, les aviculteurs demandent aux abattoirs de leur « fournir des camions avec du personnel de ramassage ». « Mais personne ne veut s’embêter avec ça, regrette le président de la FNSEA 41, Didier Delory. Nous notre but est que le ramassage soit un métier à part entière, reconnu, avec un salaire descend ».
Afin de trouver une solution à cette problématique, un travail a été entamé au niveau régional avec la Draaf (Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt) et la Dreets (Direction régionale de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités — ex-Direccte). L’objectif étant de « lisser les choses, d’avoir des chargements rapprochés entre les abattoirs pour que les ramasseurs aient plus d’amplitudes de travail et donc un contrat à plein temps, soit 80 heures effectives par mois avec un salaire de 1500 euros net ». Les agriculteurs comptent sur le soutien du préfet et donc de l’État pour participer aux investissements à travers les crédits PCAE (Plan de compétitivité et d’adaptation des exploitations agricoles) et Pacte.

 

En chiffres

L’EARL de la Morache :
- 4 associés : Yannick Lecomte, Stéphane Lucas, Nicolas Lecomte et Isabelle Lecomte.
- 1 salarié à plein temps.
- Polyculture élevage avec 120 vaches laitières et 120 truies (environ 2 900 porcelets par an).
- 295 ha de SAU : 117, 25 ha de blé, 60,5 ha de maïs, 52,84 ha de colza, 35,6 ha de prairies, 28,84 ha d’orge d’hiver en 2021.
L'exploitation de Nicolas Léger :
- 2 poulaillers Label rouge volailles de chair avec la Cafo (Coopérative agricole des fermiers de l’Orléanais).
- 2,5 ha de parc aménagé avec arbres et haies.
- Cheptel : chaque bâtiment peut accueillir 4 400 poulets ou 5 200 pintades.
- 135 ha de SAU : blé dur, blé tendre, colza, jachère, orge, tournesol, pois, vesces-féveroles.
 
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