Abeilles : les pesticides ne sont pas les premiers coupables
Le réseau Biodiversité pour les abeilles a établi un bilan du suivi des mortalités effectué par le ministre de l’Agriculture. Les produits phytosanitaires n’apparaissent qu’en bas du tableau des causes de mortalité.
En 2015, le ministère de l’Agriculture a mené une large étude sur le suivi des mortalités d’abeilles. Les conclusions sont claires et sans ambiguïté, ce sont bien des facteurs sanitaires et nutritionnels qui sont les premières causes.
Viennent ensuite les pratiques apicoles et en bas de tableau seulement apparaissent les produits phytosanitaires.
D’abord, près de quatre enquêtes sur dix ont conclu à la « responsabilité certaine » de pathologies expliquant ainsi les mortalités observées.
C’est essentiellement l’insuffisance, voire l’absence complète, de lutte contre le varroa qui explique cette situation. « Eu égard au profil de varroa et son rôle dans l’affaiblissement du système immunitaire de l’abeille, ainsi que son rôle de vecteur d’autres agents pathogènes, notamment les virus, ce constat récurrent est alarmant et invite à des actions concrètes et rapides de la part des apiculteurs » selon le ministère.
Si une large majorité d’apiculteurs gèrent avec soin et attention leur cheptel apicole, force est de constater que les mauvaises pratiques perdurent.
Selon l’expert de l’étude, il s’agit en effet d’un constat récurrent et loin d’être marginal puisqu’il explique environ un cas de mortalité sur sept, soit 14 %.
Concrètement, il s’agit de lutte contre le varroa avec des produits acarides non homologués ou des « remèdes de grand-mère faits maison », de mauvaises préparations de l’hivernage ou encore de couvain refroidi.
Enfin, la responsabilité des produits phytosanitaires par des intoxications ayant conduit à des mortalités d’abeilles apparaît comme très réduite.
Selon le bilan du ministère, ces cas ne concernent que 4 % de la mortalité.
Il ressort également des résultats de ces enquêtes que les cires sont les matrices principales de contamination à long terme. En effet, on observe des phénomènes d’accumulation des toxiques dans les cires, puisque la dégradation des résidus se fait de manière très lente.
Ainsi, cinq ans sont nécessaires pour qu’une cire perde 50 % des résidus de fluvalinate, solution anti-varroa placée directement au cœur des ruches, mais également utilisée comme insecticide en agriculture pour contrôler les méligèthes, ravageurs du colza.