Le Land art s’invite au château
La neuvième édition du Festival Euro Land art s’est déroulée au château de Cambray à Germignonville autour du travail de quatre artistes.
Pourquoi aller voir des œuvres du Land art ? D’abord parce qu’il n’y a pas moyen de faire autrement. La moindre reproduction de La Joconde en donne une idée suffisamment précise pour ne pas se sentir tenu d’arpenter le Louvre. Or, le domaine du Land art se refuse à toute mise à plat, ni à la moindre sortie de son contexte. Le paysage y tient une place irrémédiable, irréfutable, incontournable. L’occasion était donnée de voir un certain nombre de ces œuvres durant deux week-ends de septembre, au château de Cambray à Germignonville (Eure-et-Loir).
Là s’est déroulé en effet la neuvième édition du festival Euro Land art. Une expérience menée depuis 2005 par les Pays de Beauce et du Dunois en France et leurs homologues allemands du Altmark et de la région néerlandaise du nord Brabant aux Pays-Bas. Aussi, tous les trois ans, la Beauce sert de cadre au festival. En organisant cette édition sur un seul site et un temps court, les organisateurs répondaient à des préoccupations réelles — dispersion des œuvres, dégradations, dilution dans le temps. Mais du coup, même si les artistes sélectionnés ont intégré le thème des Jardins, leurs travaux semblaient comme bridés, un peu privés de cette plaine qui devait les forcer à transcender sa platitude.
Néanmoins, les œuvres installées invitaient irrésistiblement à une déambulation poétique, à une réflexion, à l’image de celle de Francesca Bonesio et Nicolas Guiraud, « Un peuple de passage en Beauce », bien à sa place à l’extérieur du château, ou cet hommage à Paul Klee de l’Allemand Joachim Jacob. Tandis que la meilleure reproduction de La Joconde ne suscitera jamais cette émotion.
Hervé Colin