La préfète prend contact avec l’agriculture eurélienne
Le 17 mars, quatre jours après sa prise de fonctions, la préfète d’Eure-et-Loir, Sophie Brocas, a visité une exploitation du Gué-de-Longroi et rencontré les présidents de la FDSEA, de Jeunes agriculteurs et de la chambre d’Agriculture.
« En vous écoutant je vous comprendrai mieux et en vous comprenant, je serai plus efficace pour être votre ambassadeur, votre relais », a déclaré la préfète d’Eure-et-Loir, Sophie Brocas, le 17 mars au sein de l’exploitation de Pascal Laya au Gué-de-Longroi, après avoir écouté le portrait de l’agriculture départementale brossé par Éric Thirouin, Jean-Michel Gouache et David Faucheux, les présidents de la chambre d’Agriculture, de la FDSEA et de Jeunes agriculteurs d’Eure-et-Loir.
Il s’agissait là du premier contact concret de la représentante de l’Etat avec le monde agricole eurélien, quatre jours après sa prise de fonction.
Cette première rencontre a commencé par une petite présentation de la ferme dont le parcellaire morcelé s’éparpille sur quelques kilomètres à la ronde : « Je n’ai rien autour, ce qui complique un peu le travail », a affirmé l’exploitant.
Il explique à la représentante de l’État qu’il travaille en semis simplifié, sans labour donc, depuis vingt ans, qu’il fait ses traitements en bas volume, qu’il n’a pas d’enfant qui souhaite reprendre et qu’il se demande s’il va investir.
Il parle de la proximité de la région Île-de-France qu’il considère comme un handicap : « Ce n’est pas facile d’expliquer ce que l’on fait aux gens qui viennent de la ville », a-t-il conclu.
Ensuite, les trois présidents se sont relayés pour dresser un panorama de l’agriculture eurélienne et de quelques unes de ses problématiques.
Éric Thirouin a rappelé : « la dégradation de la situation économique que subit le département avec la baisse des prix et du soutien depuis 2012... Mais cette année, 90 % des agriculteurs seront en négatif. Vous êtes bienvenue dans un département en crise énorme, avec un aspect structurel et un aspect conjoncturel sans précédent ».
De son côté, Jean-Michel Gouache a fait le tour d’horizon des points de vigilance comme le remembrement consécutif au chantier de l’A154 et les compensations qu’il va engendrer, la carte des cours d’eau, la préservation du foncier et la Pac.
Sur le sujet des Surfaces d’intérêt écologique (SIE), Éric Thirouin a repris la parole : « Si l’interdiction d’intrants sur les cultures qui n’ont pas besoin d’azote passe, c’est la mort de la filière protéagineuse en Eure-et-Loir. Si les intercultures courtes disparaissent aussi, ça équivaut à refaire de la jachère sur cinq, six ou sept pourcents de leur surface pour tous ceux qui sont en blé-orge-colza... »
« Quand on arrive ici, on a des images qui collent dans la tête : l’Eure-et-Loir ce sont des grands céréaliers, qui vont très bien et qui pleurent... Et qui polluent... Ça veut dire qu’il faut passer de l’autre côté du miroir, venir vous voir, vous écouter. J’ai compris que vous aimiez votre métier et que vous étiez des acteurs économiques importants. Que vous étiez prêts à modifier vos pratiques, trouver la voie entre la réalité économique et le respect de l’eau et de l’environnement... Et qu’il faut changer le regard sur vous », a résumé Sophie Brocas, tout en remerciant tout le monde d’avoir pris le temps pour ce premier rendez-vous.