Jean-François Bain : jeune et administrateur
Aujourd’hui, les coopératives peinent à attirer des jeunes au sein de leurs conseils d’administration. Nous avons rencontré Jean-François Bain, un jeune agriculteur normand qui s’est engagé au sein de celui de la coopérative Interface céréales.
Depuis près d’un siècle, les coopératives sont au cœur de l’économie agricole. Les trois-quarts des agriculteurs sont adhérents d’au-moins une coopérative.
Mais aujourd’hui, dans une époque rattrapée par la mondialisation et la domination des marchés, le modèle semble un peu moins séduire les jeunes et elles peinent parfois à les attirer au sein de leurs conseils d’administration.
Désormais, à l’heure où plus de la moitié des actifs du secteur agricole a plus de cinquante ans, la question du renouvellement des générations se pose aussi au sein de leurs structures. Car on peut être jeune et administrateur de sa coopérative. La preuve avec Jean-François Bain, trente-cinq ans, installé avec son frère sur trois cent quarante hectares de Scop à Chavigny-Bailleul dans le sud de l’Eure.
Comme son père, comme son grand-père avant lui, il est adhérent de la coopérative Interface céréales : « J’ai toujours eu en tête l’idée de participer aux réunions de la coopérative et un jour, on m’a proposé de devenir stagiaire du conseil d’administration. Le stage a duré deux ans et j’ai eu envie de continuer... »
Cette expérience lui permet de prendre conscience de l’envers du décor : « Je ne pensais pas que c’était si compliqué. Nos problèmes remontent au conseil d’administration et aussi tous ceux de la coopérative : approvisionnement, logistique... Tout un tas de soucis que je ne soupçonnais pas. »
Donc il estime « qu’il faut s’en occuper : il y a des choses à gérer, il faut s’engager ! »
Le jeune exploitant poursuit : « L’idée, c’est que la coop, c’est nous. Ça nous appartient. Elle peut évoluer selon nos objectifs. Et on voit ce qui se passe, c’est clair, transparent. Dans les moments difficiles, on peut compter sur elle, comme l’an passé avec nos problèmes de qualité des blés. »
S’il reconnaît qu’aujourd’hui, il n’influence pas les décisions du conseil — « il faut du recul » —, les choses évoluent : « Je peux commencer à discuter, je pose des questions... »
Et au sein du conseil, Jean-François Bain a pris des responsabilités : « Je suis président de la commission agronomie. Je compte développer ce service. On s’aperçoit qu’avec les bassins d’alimentation de captage — 90 % de ses terres — ça devient important. Il faut que la coop aille dans ce sens-là, ce sont des pistes qui n’étaient pas travaillées. Les contraintes sont de plus en plus fortes et il faut des solutions techniques pour garder de la compétitivité. »
Quelque chose l’inquiète néanmoins : « Les jeunes ne s’engagent pas tellement », constate-t-il autour de lui : « Certes, le métier est déjà compliqué, il faut consacrer du temps à son installation, mais il y a quand même un souci à ce niveau. Si nous voulons garder ces outils, nous sommes obligés d’y aller. Il ne faudrait pas qu’il n’y ait que les retraités qui s’en occupent... »