Jean-Claude Auger, imprimeur traditionnel
Dans son atelier de Saint-Loup-sur-Cher (Loir-et-Cher), Jean-Claude Auger réalise des ouvrages de bibliophilie et des estampes. L’artisan utilise des techniques traditionnelles.

« Nous sommes des concepteurs de livres de bibliophilie et d’estampes. Nous utilisons les techniques traditionnelles : typographie, lithographie, taille douce et fonte des caractères », explique Jean-Claude Auger, artisan à Saint-Loup-sur-Cher (Loir-et-Cher).
Celui-ci incarne la quatrième génération de la famille à exercer ce métier et son fils Vincent travaille à ses côtés. « Nous avons toujours baigné dans cet univers », dit-il.
Les ouvrages sont tirés à cent cinquante exemplaires au maximum.
L’artisan déclare : « Nous rencontrons des auteurs, des artistes, des libraires et des représentants de sociétés de bibliophilie. La réalisation d’un ouvrage est un travail d’équipe ».
Tout part d’un manuscrit. « Nous discutons avec l’auteur et nous réalisons un spécimen de composition qui lui est présenté pour aval, explique Jean-Claude Auger. Nous réalisons fréquemment des livres de textes. S’il y a des illustrations, l’éditeur et l’artiste interviennent. Nous sommes plusieurs à apporter notre pierre à l’édifice ».
Le professionnel poursuit : « Les technologies contemporaines s’apparentent à de l’impression industrielle. Cela n’a rien à voir avec notre travail. Nous imprimons sur du papier rare : papier-japon, papier-chiffon ou papier fabriqué à la main. C’est une fabrication élitiste. Ce ne sont pas les procédés anciens qui comptent mais la création. Ainsi, les artistes ne travaillent pas comme sous Louis XIV ! Ils réalisent des œuvres avec des techniques anciennes mais qui restent traditionnelles et originales ».
Jean-Claude et Vincent Auger ont chacun leurs techniques qui leur sont familières. Le premier est lithographe et compositeur. Le second est graveur, fondeur de caractères et typographe.
Maîtriser tous ces métiers est nécessaire pour ne pas se limiter à une seule technique. L’apprentissage s’effectue à l’école et par l’expérience.
« Dans notre métier, il faut garder une grande humilité, déclare Jean-Claude Auger. Parfois nous sommes fiers de notre travail, parfois un peu moins ».
L’artisan poursuit : « Les gens sont en extase devant ce que nous faisons car le métier est devenu rare. Nous n’avons pas de gros souci autour des techniques que nous possédons. Nous sommes heureux de fabriquer ! ».
Après avoir longtemps travaillé à Paris, en 2017, Jean-Claude Auger s’est installé dans le village de son enfance car le local qu’il occupait dans la capitale était trop exigu.
À 76 ans, il regarde devant : « Je croise les doigts pour qu’il y ait encore de nombreux bibliophiles qui achètent des livres de qualité. Il faut également que l’atelier se lance dans des éditions particulières. Rien n’est gagné d’avance ! ».
Olivier Joly